Le « Conseil des entreprises » a eu lieu lundi à Bercy, rassemblant des ministres et des représentants des organisations patronales. L’objectif de cette rencontre était de débattre des enjeux économiques touchant la France et l’Europe. Michel Picon, qui y a participé en tant que président de l’U2P, nous partage ses impressions sur cet événement.
Réunions régulières du « Conseil des entreprises »
Le ministre en charge de l’Économie et des Finances a souligné l’importance d’organiser ces rencontres baptisées « Conseil des entreprises » environ toutes les six semaines. L’édition inaugurale a eu lieu le lundi 14 avril. Des représentants des milieux patronaux se sont retrouvés à Bercy pour échanger avec des membres du gouvernement sur plusieurs thématiques, notamment les droits de douane appliqués par les États-Unis et la planification budgétaire pour 2026.
Outre les trois principales organisations patronales, à savoir l’U2P, le Medef et la CPME, le président de l’Afep, représentant l’association des grandes entreprises françaises, était aussi présent. Michel Picon, à la tête de l’U2P, qui fédère notamment les artisans, commerçants et professions libérales, soit une majeure partie des entreprises françaises, était également au rendez-vous.
Retour sur la réunion
Lors d’une entrevue avec 42mag.fr, Michel Picon a exprimé ses impressions : « Tout s’est déroulé de manière satisfaisante d’un point de vue logistique, bien que les sujets abordés aient soulevé pas mal de préoccupations. Malgré ces inquiétudes, je reste persuadé que chaque problème évoqué a une solution potentielle. » L’un des principaux sujets de discussion concernait les tarifs douaniers instaurés sous l’administration Trump. Les organisations patronales ont réaffirmé leur désir d’une réponse mesurée au niveau européen, une directive que le gouvernement, sous l’impulsion du ministre de l’Économie et des Finances, s’engage à suivre.
Michel Picon a souligné : « Il est essentiel de ne pas répondre de manière impulsive aux provocations. » Sur ce sujet, de nombreuses mesures sont attendues dans les trois prochaines semaines, notamment au sujet des géants du numérique et de potentiels mouvements agressifs des entreprises chinoises, suite à la fermeture partielle du marché américain. Cependant, comme il le rappelle, toutes les décisions doivent être prises à l’échelle européenne.
Imposition des géants du numérique
Concernant la question d’une éventuelle taxe européenne sur les grandes multinationales du numérique, Michel Picon estime qu’une telle mesure n’est pas à exclure, mais elle doit être réfléchie avec soin. Il met en garde contre des conséquences telles qu’une hausse des coûts pour les consommateurs et de possibles mesures de représailles, en prenant l’exemple de l’industrie hôtelière dépendante de plateformes comme Booking. Il insiste sur la nécessité de prudence et de réflexion avant de prendre des décisions.
Sur les droits de douane
Michel Picon s’est également exprimé sur la suspension temporaire par Donald Trump de certains droits de douane visant l’Union Européenne : « Cette suspension de 90 jours ne garantie pas notre sécurité, étant donné que 10% de taxes continuent à s’appliquer, et pour certains produits, jusqu’à 25%. » Il ajoute que ces trois mois doivent être mis à profit pour engager des négociations, en soulignant l’importance de se préparer adéquatement pour être en position de force.
Budget 2026 et effort budgétaire
Concernant la préparation du budget pour 2026, Michel Picon a rappelé que lors de cette réunion, le projet de loi de finances, ainsi que celui relatif à la Sécurité sociale, ont été longuement discutés. Il évoque la nécessité de trouver 40 milliards d’euros, ce qui implique un effort conséquent de la part de l’État mais aussi des petites entreprises. « Il est crucial d’agir avec prudence vis-à-vis des petites entreprises, car elles représentent des emplois. Toucher à l’équilibre de ces entreprises, c’est affecter l’emploi. »
Il a mentionné deux domaines où des mesures ont déjà eu un impact, en insistant sur l’importance de ne pas les affaiblir davantage : la formation, particulièrement l’apprentissage, et les exonérations de charges sociales sur les bas salaires. Selon lui, ces derniers sont en place pour compenser le poids élevé du coût du travail en France, et nécessitent une réflexion sérieuse sur le financement de la protection sociale.
Participation à la conférence des finances publiques
Pour Michel Picon, la participation à la conférence sur les finances publiques, menée par François Bayrou, est un impératif. Il souligne : « Nous ne pouvons continuer de vivre à crédit comme ces quatre dernières décennies. » Insister sur une consommation responsable et des efforts partagés sur la Sécurité sociale est primordial pour éviter de léguer aux nouvelles générations le fardeau de nos dettes actuelles.
Il encourage chacun à contribuer : « Acheter français, renforcer les efforts individuels sur la Sécurité sociale, c’est garantir que tout changement sera supportable. »
Contributions des petites entreprises
Quant aux petites structures, Michel Picon suggère qu’une réorganisation interne en prévision de la baisse des marchés est nécessaire, notant une consommation historiquement basse et un nombre alarmant de défaillances d’entreprises. « Il est important de comprendre que les aides d’aujourd’hui se transforment en impôts de demain. »
Concernant la décision de l’Association des maires de France de ne pas assister à la conférence de François Bayrou, Michel Picon exprime sa déception, qualifiant cette décision de stratégie politique qui ne sert pas l’intérêt collectif. Il invite les collectivités locales à modérer leur pression fiscale sur les entreprises.