Pour cela, le chef du Rassemblement National a déjà sélectionné deux circonscriptions potentielles. Contrairement à Marine Le Pen, qui a remporté une élection dans le Pas-de-Calais, il s’orientera davantage vers le sud de la France.
Depuis quinze jours, les élus du Rassemblement National s’accordent sur un même point : pour eux, il n’existe pas d’alternative à Marine Le Pen. Ils affirment que, malgré sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité, elle se présentera jusqu’au bout. Toutefois, un revirement vient d’être annoncé : en cas de confirmation de cette peine, un successeur sera rapidement désigné. On sait même que Marine Le Pen pourrait passer le flambeau vers la fin septembre 2026. Cela coïnciderait avec quelques semaines après le verdict de la Cour d’appel de Paris, à condition qu’elle respecte sa propre feuille de route, sans attendre le résultat des dernières démarches légales qu’elle envisage de suivre ensuite.
Pourquoi précisément en septembre 2026 ? Ce choix s’explique par l’organisation par le parti d’un congrès visant à renouveler ses instances à cette période, selon Kévin Pfeffer, le trésorier du RN. L’objectif serait alors de profiter de cet événement pour faire d’une pierre deux coups, en désignant simultanément Jordan Bardella comme candidat à la présidentielle à la place de Marine Le Pen. Celle-ci semble désormais prête à envisager un autre scénario. « C’est un peu comme un processus de deuil, observe un eurodéputé. Il y a plusieurs phases. Nous avons traversé une période de déni et nous sommes maintenant progressivement en train d’accepter cette réalité. »
Une inéligibilité affectant aussi le mandat de député
Ce plan B ne se limite pas à l’élection présidentielle. En effet, si une dissolution devait survenir d’ici là, Jordan Bardella serait également désigné pour remplacer Marine Le Pen lors d’élections législatives anticipées. En raison de son inéligibilité, elle ne serait pas en mesure de se représenter. Plusieurs proches de la leader du groupe parlementaire RN ont confirmé qu’elle laisserait ainsi son héritier présumé prendre la tête du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. S’il était élu, il serait bien sûr contraint de renoncer à son mandat de député européen.
Jordan Bardella envisage même deux circonscriptions potentielles situées dans le sud de la France, selon un député fréquentant régulièrement les réunions stratégiques. Il ne se présenterait pas à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, où Marine Le Pen est élue, mais plutôt dans une région méditerranéenne, probablement dans les Bouches-du-Rhône. Le choix de la circonscription repose sur plusieurs critères : elle doit être gagnable, ne pas déloger un autre député RN, et, enfin, le parti doit y être suffisamment établi pour que Jordan Bardella n’ait pas à y consacrer trop de temps, sachant que la préparation d’une campagne présidentielle se déroule principalement à Paris.