Bien que le terme de la présidence se soit terminé en mai 2024, l’instauration de la loi martiale interdit d’organiser une élection tant que le conflit continue.
Quel avenir politique pour l’Ukraine après le conflit ?
Actuellement, l’Ukraine vit sous la loi martiale, instaurée dès les premières heures de la guerre, ce qui suspend toutes les élections, qu’elles soient locales ou nationales. Volodymyr Zelensky, bien que son mandat aurait dû se terminer en mai 2024, conserve son rôle de président grâce au soutien du Parlement et d’une grande partie des Ukrainiens. Cependant, les ambitions politiques se réveillent, créant des tensions avec ses challengers principaux.
En public, on affiche une unité nationale apparente. En privé, les débats sont animés. L’ancien président Petro Porochenko a déjà déclaré son intention de se représenter dès que cela sera possible. Actuellement à la tête du plus grand parti d’opposition au Parlement, il fait face à de multiples accusations de corruption, ce qui a entraîné le gel de ses avoirs et l’interdiction de quitter le pays.
"La situation est telle que le président Zelensky considère toujours Porochenko comme un rival personnel", déclare Sofya Fedyna, députée du parti Solidarité européenne. "Même si ce n’est pas encore officiel, Zelensky se prépare aux élections. À ce stade, il semble que Porochenko sera son principal adversaire. Zelensky cherche à retirer Porochenko de la scène politique et essaie de diriger le pays de manière autocratique. Nous devons nous mobiliser pour l’en empêcher", accuse-t-elle.
"Faire de la politique est impossible aujourd’hui"
Pour le politologue Peter Oleschuk, le paysage politique ukrainien fera peau neuve après la guerre, marquant la fin du présidentialisme fort caractérisé par Zelensky. "Il est peu probable qu’un seul parti obtienne la majorité au gouvernement. Nous assisterons à la formation d’une coalition, peut-être même avec de nombreux petits partis. Le Parlement retrouvera son rôle central et le Premier ministre pourrait devenir aussi influent que le président."
Malgré leurs critiques, les membres de l’opposition restent très discrets, sachant que faire de la politique actuellement est impossible. "Ils le comprennent", souligne Peter Oleschuk. "Ils s’engagent dans le volontariat, soutiennent le front et s’investissent en diplomatie… Ainsi, après la guerre, ils pourront démontrer leur implication. Pour l’instant, ils attendent le bon moment pour agir."
Les figures militaires qui ont gagné en popularité grâce au conflit comptent également jouer un rôle futur. Cependant, Zelensky veille à garder une plus grande place sur la scène politique. Par exemple, l’ancien chef des armées, Valeri Zaloujny, réputé et très apprécié, a été écarté et nommé l’année dernière ambassadeur à Londres.