Le Premier ministre ne rencontre pas seulement une baisse de popularité dans les sondages. Au sein même de la coalition au pouvoir, qui est normalement chargée de le défendre, il est aussi très mal perçu.
Après environ quatre mois et près de vingt jours de François Bayrou en tant que Premier ministre, sa popularité est au plus bas selon les sondages, et les retours de sa majorité sont très critiques. Des députés de la coalition au pouvoir, ainsi que des ministres, expriment des réserves sur l’attitude de celui qu’ils devraient soutenir. Hors des micros, de nombreux critiques se font entendre. « Il ne plaît à personne, il est habile en politique, mais manque de compétence technique, critique le conseiller d’une figure influente de l’Assemblée, lorsqu’on l’écoute, on a l’impression d’entendre Trump, c’est approximatif, basé sur des impressions ! »
Les partisans ne lui pardonnent pas une série de dérapages. Pour eux, la liste est longue. Cela commence par son aller-retour à Pau en Falcon en pleine crise à Mayotte, ses hésitations – voire son manque de préparation, selon un membre du gouvernement – lors des premières questions sur l’affaire Bétharram, son positionnement sur le retour à 62 ans avant la fin des négociations qui a entraîné la colère de la CGT… « Son problème, c’est qu’il n’écoute pas les conseils, affirme une ministre importante, il a cette attitude de ‘je n’ai besoin de personne pour réfléchir’, mais cela lui joue des tours. »
« Il consacre son temps à gagner du temps sans convaincre personne »
Certains critiquent ses ambitions, comme celle de vouloir rester en poste coûte que coûte. « Il sera évalué seulement sur la durée de son mandat à Matignon, souligne un proche d’une ministre, donc il consacre son temps à gagner du temps sans convaincre personne ». « Il a un seul objectif : durer, exister, forger son personnage », affirme un député macroniste. « Nous devrons faire avec lui jusqu’en 2027 même si tout le monde le déteste, ajoute un autre, mais sa position centrale dans la situation actuelle fait de lui le seul capable de tenir le cap ».
François Bayrou exaspère même le président de la République. Encore ce week-end, après sa proposition de référendum sur le déficit dans le Journal du Dimanche. L’entourage d’Emmanuel Macron a répondu, en substance, qu’il était difficile de se prononcer sans connaître ses propositions pour réduire de 40 milliards les dépenses. En clair : d’accord pour le coup médiatique, mais les solutions concrètes du Premier ministre se font attendre.
Peu nombreux sont ceux qui prennent sa défense publiquement. Pourtant, sa ministre de l’Égalité entre les hommes et les femmes, Aurore Bergé, est intervenue dimanche 4 mai sur RTL : « Ce n’est pas évident d’être Premier ministre en période de crise institutionnelle et politique, sans majorité à l’Assemblée. » Dans son entourage, on ne comprend pas « cette forme de mépris à son égard, comme si François Bayrou était arrivé là par hasard, mais il incarne un bel exemple de méritocratie, ayant occupé tous les postes de la Ve République ». Ce mépris qui, selon cette même source à 42mag.fr, pourrait bien le protéger, puisque finalement, « les gens ne le voient pas venir, mais c’est bel et bien lui le Premier ministre ».