Plus d’un millier de médecins, de scientifiques et de professionnels de la santé ont signé une lettre ouverte dénonçant une loi française proposée qui pourrait affaiblir l’autorité du régulateur indépendant de la santé du pays et permettre le retour de pesticides à longueur.
Plus de 1 000 chercheurs, médecins et professionnels de la santé ont publié lundi une lettre ouverte adressée aux ministres français de la santé, de l’agriculture, du travail et de l’environnement – les quatre organismes gouvernementaux supervisant l’agence française pour la santé et la sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSE).
La lettre, selon le diffuseur public français France Inter, critique fermement une loi proposée du sénateur Laurent Duplomb. Les signataires avertissent que le projet de loi pourrait affaiblir considérablement l’autorité d’ANSE et mettre en danger la santé publique en ouvrant la voie à la réintroduction de pesticides à long terme.
Soutenu par des organisations telles que Médecins du Monde et Alerte des Médecins sur les pesticides, la lettre est diffusée alors que les législateurs commencent à débattre du projet de loi de Duplomb.
La législation, qui est prévue mardi par l’Assemblée nationale, comprend des mesures controversées telles que la création d’un conseil consultatif agricole avec des pouvoirs pour hiérarchiser certains pesticides – même sans alternatives plus sûres.
En vertu du projet de loi, le ministère de l’Agriculture pourrait contourner les évaluations des anses, à l’écart efficace de la surveillance scientifique indépendante de l’agence. Cela a soulevé des alarmes parmi les experts en santé publique.
Le directeur général de l’ANSES, Benoît Vallet, a averti lors d’une audience parlementaire le 25 mars qu’il démissionnerait si la loi adopte sous sa forme actuelle.
‘Reculer pour la santé publique’
Les signataires soutiennent que cela représente « une menace fondamentale pour le rôle de l’expertise scientifique dans les processus d’approbation des pesticides » et soulignent que depuis 2015, il s’agit de rendez-vous – pas du ministère de l’Agriculture – chargés de superviser ces évaluations selon des normes éthiques et scientifiques strictes.
Ils disent que l’établissement de ce nouvel organe consultatif serait « un pas en arrière pour la santé publique », en particulier si cela conduit à la réintroduction de substances nocives telles que les néonicotinoïdes – les insecticides interdits en France depuis 2016 en raison de leur impact dévastateur sur les populations d’abeilles et des risques écologiques plus larges.
«Nous nous opposons à la création d’un conseil consultatif agricole qui se déshabillerait une partie de sa surveillance et de sa responsabilité scientifiques», indique la lettre.
Le projet de loi devrait être débattu fin mai.
(avec des nouvelles)