Environ 1 000 militants, beaucoup vêtus de noir et portant des masques, ont marché dans les rues de Paris samedi pour commémorer la mort en 1994 d’un étudiant ultra-nationaliste. L’événement, qui a été initialement interdit, a eu lieu sans incident majeur, selon la police, bien que 13 arrestations aient été effectuées. Un contre-rassemblement n’était pas autorisé.
Les manifestants ont porté une bannière en lisant «Sébastien Deyzieu Présent» et se sont rendus au rythme des tambours tout en chantant «Europa, Youth, Revolution» – le slogan du Gud, une violente syndicat étudiant d’extrême droite a officiellement dissoute en 2024.
De nombreux participants ont couvert leurs visages, ce qui est interdit en France. Certains portaient des torches et des symboles affichés liés à des mouvements d’extrême droite tels que des croix celtiques, et portaient des t-shirts noirs avec des images néonazis et hooligan.
La marche a été organisée par le comité du 9 mai (C9M). Il tient le rassemblement vers le 9 mai de chaque année pour marquer l’anniversaire de la mort de Sébastien Deyzieu qui est tombé d’un bâtiment alors qu’il tentait d’échapper à la police lors d’une marche contre l’impérialisme américain le 9 mai 1994.
Deyzieu était membre de « Oeuvre Française » – un mouvement nationaliste français et antisémite fondé en 1968 par le fils d’un collaborateur nazi. Décrit par le ministère de l’Intérieur comme « la propagation de l’idéologie xénophobe et antisémite, des théories racistes et dénuisant de l’Holocauste », il a été dissous en 2013.

Treize arrêtés
Certaines personnes participant au rassemblement venaient de l’étranger, notamment en Allemagne, en Italie, en Hongrie et en Espagne.
Treize personnes, dont des contre-manifestants, ont été arrêtées lors de l’événement, bien que la police ait déclaré qu’aucun affrontement majeur ne s’était produit.
Mercredi dernier, la préfecture de Paris a interdit à la fois le rallye C9M ultra-droit et un contre-rassemblement décrit comme « antifasciste et antiraciste », citant des problèmes de sécurité publique.
Cependant, le tribunal administratif de Paris a annulé l’interdiction du rassemblement C9M vendredi soir, notant que la marche de l’année dernière n’avait conduit à aucune action en justice.
La contre-mars n’était pas autorisée. Mais les militants de gauche, soutenus par le parti dure-gauche de France Unbowed (LFI), ont organisé un « village antifasciste » près du Patheon où les figures de la résistance française tels que Jean Moulin, Joséphine Baker, Missak et Mélinée Manouchian sont honorées.
L’événement, dans sa deuxième année, est conçu pour être un « rappel que les néonazis n’ont pas plus de place dans nos rues que leurs ancêtres ». Selon les organisateurs, quelque 3 000 personnes ont participé.
Groupes xénophobes interdits
En 2023, le rassemblement ultra-nationaliste a déclenché une controverse alors qu’environ 600 néonazis ont défilé à Paris le 8 mai, lorsque l’Europe commémore la victoire des forces alliées sur l’Allemagne nazie.
Face aux critiques pour avoir autorisé la marche, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur à l’époque, a déclaré aux chefs de police d’interdire les manifestations extrémistes d’extrême droite en France, laissant les tribunaux à les autoriser ou non.
En décembre 2023, le groupe Martel de la division ultra-droite a été dissous à la suite de violents affrontements avec la police dans le sud de la France. Fondée en 2022, elle a promu « l’utilisation de la violence pour favoriser l’avènement de la suprématie nationaliste et xénophobe ».
La tentative du gouvernement pour interdire le groupe d’extrême droite français suscite une pétition en ligne
Génération identitaire (Generation Identity), qui a gagné en notoriété par plusieurs tentatives d’empêcher les migrants d’entrer dans le pays, a été interdite en 2021, et le mouvement turc ultra-nationaliste des loups gris gris en 2020.