Une semaine cruciale pour le gouvernement. Après le passage d’Emmanuel Macron sur TF1, ce sera au tour du Premier ministre d’être observé de près mercredi. Il sera entendu par la commission d’enquête parlementaire, mise en place suite aux accusations de violences physiques et sexuelles survenues au sein de l’entité religieuse de sa région.
À l’approche de l’audition politiquement chargée de la commission d’enquête parlementaire prévue pour le mercredi 14 mai, mise en place à la suite de l’affaire Bétharram, François Bayrou se prépare avec minutie, selon un proche. Cet ami confie à 42mag.fr que Bayrou a repris les méthodes qu’il avait utilisées lors du procès des assistants parlementaires du MoDem. Le Premier ministre reçoit, depuis environ vingt jours, de nombreux documents et fiches préparatoires de son équipe, qui a examiné tous les aspects de l’affaire. Une préparation détaillée a eu lieu le week-end précédent, en petit comité autour de lui, et des éléments de communication ont été fournis en réponse aux demandes des divers cabinets ministériels.
Des députés l’accusent d’avoir menti en février lors d’une session de questions au gouvernement, lorsqu’il a affirmé à l’Assemblée n’avoir jamais eu connaissance d’actes de violence physique ou sexuelle à l’intérieur de l’institution religieuse de sa région, Notre-Dame-de-Bétharram, dans les années 1990. À cette époque, François Bayrou était ministre de l’Éducation nationale, député, président du conseil général, et père d’élèves de l’établissement. Cependant, depuis cette déclaration, des témoignages, y compris celui de sa propre fille, contredisent ses propos et il multiplie les bévues.
« Une situation brûlante »
Lors de cette audition, le Premier ministre espère « faire entendre la voix de la vérité », selon ses propos rapportés par ICI Béarn Bigorre, ex France Bleu. Son équipe assure qu’il répondra « sans éluder aucune question des députés, avec l’intention de clarifier les faits ». Un de ses proches explique son objectif principal comme étant de « restaurer son honneur et prouver sa bonne foi au peuple français ». Un ministre exprime son indignation face à ce qu’il voit comme une machination politique, notamment orchestrée par La France insoumise, en déclarant que « des centaines d’autres devraient être interrogés tout autant que lui ».
Ses partisans appréhendent ce moment crucial pour leur leader, qu’ils suivront attentivement depuis les ministères. « C’est vraiment délicat », confie un conseiller. Ils sont conscients que l’issue pourrait être désastreuse, et le risque de censure est réel. Certains ministres craignent que François Bayrou « se perde dans ses souvenirs, entre ce qu’il a dit et ce qu’il n’a pas dit ». Un député de la majorité évoque son habitude de faire une gaffe mensuelle. Selon les partisans du Premier ministre, les oppositions guettent la moindre faille, le moindre faux pas pour l’attaquer. Le Rassemblement National maintient une position incertaine, tandis que La France insoumise continue d’espérer renverser le gouvernement, cette audition pourrait rallier à leur cause les indécis, spécialement à gauche. Une ministre estime que l’attaque pourrait aussi provenir de la droite, en soulignant qu’après le congrès des Républicains ce week-end, peu importe l’issue, Laurent Wauquiez cherchera à affaiblir le gouvernement de toutes les façons possibles.