Confrontée à plusieurs cas de harcèlement moral dans ses établissements, la préfecture de Hyogo au Japon a choisi d’agir de manière originale : obliger ses dirigeants politiques à suivre des formations sur la gestion des émotions.
Lundi dernier, un groupe composé de 120 élus et fonctionnaires de la préfecture, dont le gouverneur, a participé à un atelier animé par un professeur spécialisé dans la gestion des tensions. L’objectif principal était de prévenir tout débordement autoritaire et de rétablir un climat de travail serein au sein de l’administration.
Durant ce séminaire de plusieurs heures, l’expert a partagé des techniques concrètes pour calmer la colère avant qu’elle ne s’intensifie, en proposant par exemple de prendre du recul et de respirer profondément pendant six secondes. Ces conseils sont considérés comme pertinents dans divers contextes, que ce soit dans les institutions, les entreprises ou même dans la vie personnelle. En complément, des modules portant sur le harcèlement moral et la protection des lanceurs d’alerte ont également été proposés.
Un climat difficile dans les bureaux de la préfecture
Ces sessions de formation ont lieu dans un contexte particulièrement tendu. Depuis la prise de fonction de Motohiko Saito à la tête de la préfecture en 2021, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer des méthodes de gestion agressives. Bien que Saito soit un ancien haut fonctionnaire sans affiliation officielle, il est soutenu par deux partis de la droite dure japonaise. Il a été accusé à maintes reprises d’adopter un comportement autoritaire : insultes, jets de fournitures, humiliations, caprices.
En mars de l’année dernière, un fonctionnaire a réuni une documentation détaillée de ces abus et l’a transmise à la presse locale. Une enquête interne a été ouverte, non pas pour vérifier les faits, mais pour identifier l’auteur de la fuite. Ce dernier a été sanctionné sévèrement : sa retraite a été annulée. Effondré, il s’est suicidé en juillet.
Le harcèlement moral, un fléau structurel au Japon
Mise en cause dans une enquête ultérieure, le gouverneur a brièvement quitté ses fonctions avant de se faire réélire en promettant de modifier son comportement. Sa participation aux cours sur la gestion de la colère s’inscrit dans cette volonté de changement affichée.
Le cas de la région de Hyogo n’est pas isolé. Le harcèlement moral reste un problème profondément enraciné dans les milieux professionnels et publics japonais, s’inscrivant dans une culture d’entreprise très hiérarchisée où l’autorité des supérieurs est rarement contestée. Une loi a été promulguée en 2020 pour lutter contre les abus de pouvoir. Toutefois, en pratique, elle est peu appliquée, la peur des représailles décourageant encore largement les signalements.