« Protéger notre spécificité culturelle représente indéniablement un objectif noble et important, cependant, il est essentiel que cela ne se limite pas à un simple concept », a affirmé la ministre de la Culture lors de sa venue au Festival de Cannes ce samedi.
Ne pas rester simplement à l’état d’ébauche. Lors de sa visite au Festival de Cannes, samedi 17 mai, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a exhorté les producteurs et réalisateurs à l’accompagner jusqu’à Bruxelles afin de défendre l’exception culturelle française, aujourd’hui menacée par « l’intelligence artificielle, les tensions géopolitiques et les pressions de l’administration américaine ». « Parmi les 107 films sélectionnés [à Cannes], 39 sont français, soit plus d’un tiers toutes catégories confondues », s’est félicitée Rachida Dati en introduction à son allocution. « Protéger notre spécificité culturelle est certes une cause noble, mais il est crucial qu’elle ne reste pas à l’état de simple projet », a-t-elle immédiatement souligné.
La ministre a ainsi lancé un appel aux grands cinéastes et producteurs pour qu’ils la rejoignent à la Commission européenne et défendent ensemble le modèle français, ainsi que le cinéma européen dans son ensemble. « Nos diplomates, ainsi que tous ceux qui œuvrent à la Commission, nous répètent qu’ils se battent pour préserver ce modèle français, mais qu’ils constatent une présence de plus en plus rare d’artistes », a regretté Rachida Dati. « J’ai eu la chance de voir des grands noms comme Claude Berry ou [Bertrand] Tavernier se mobiliser pour ce combat », a-t-elle évoqué avec émotion.
« Certains prétendent qu’ils ne souhaitent pas mêler leur art à la politique », a-t-elle rétorqué, « mais on ne vous demande pas de poser sur une affiche électorale », lançant cette pique depuis la tente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). « En Europe, le cinéma américain occupe plus de 60 % des salles », a précisé la ministre, contre seulement 36 % en France. Le cinéma européen représente à peine un tiers des billets vendus dans les salles du Vieux Continent, la part restante étant largement dominée par la production américaine.