Le dimanche, dans les colonnes du Journal du Dimanche, le ministre de la Justice a fait savoir qu’un nouveau centre pénitentiaire à haute sécurité serait construit en Guyane. Cette initiative soulève des interrogations sur les conséquences liées à l’isolement des détenus, un point que regrette vivement l’avocat Abed Benjador.
« C’est un rappel historique assez particulier, mais cela ne me semble nullement approprié », a réagi dimanche 18 mai sur 42mag.fr Abed Benjador, avocat spécialisé en droit pénal, suite à l’annonce faite par Gérald Darmanin dans le Journal du Dimanche. Le garde des Sceaux envisage l’ouverture d’ici 2028 d’un établissement pénitentiaire de haute sécurité de 500 places situé à Saint-Laurent-du-Maroni, en plein cœur de la forêt guyanaise. Ce centre accueillera des détenus condamnés pour des peines sévères liées au trafic de stupéfiants ainsi que des individus radicalisés.
« Cela soulève la question de leur mise à l’écart », souligne le pénaliste inscrit au barreau de Tours. « On parle ici d’isolement géographique, mais aussi d’éloignement familial, d’isolement judiciaire et social pour ces détenus », énumère Abed Benjador, « ce qui, à mon sens, va à l’encontre même de la finalité de la privation de liberté ». Cette prison, située à 300 kilomètres de Cayenne, « les met à l’écart — l’image est très forte — : ils sont placés en périphérie de notre territoire, comme s’il s’agissait de personnes dont on ne veut plus s’occuper », regrette l’avocat. « Les agents de probation n’iront pas s’installer à proximité, pas plus que les juges », ajoute-t-il.
« Ces personnes enfermées, tôt ou tard, réintégreront la société, mais la vraie interrogation est de savoir comment », s’interroge encore Abed Benjador. « Gérald Darmanin crée une atmosphère d’insécurité qu’il utilisera lors de sa campagne présidentielle en 2027 », accuse l’avocat.