C’est une interrogation qui préoccupe non seulement la France, mais également la majorité des États membres de l’Union européenne. Récemment, ces pays ont trouvé un terrain d’entente pour soutenir financièrement des initiatives collectives dans le domaine de la défense.
Pour l’instant, il s’agit d’un accord de principe, mais il marque une première étape. Lors de leur réunion du lundi 19 mai à Londres, les pays membres de l’Union européenne ont décidé de mettre en commun leurs ressources afin de financer des acquisitions et des projets en matière d’armement, à travers un programme de prêt intitulé « SAFE » (Security Action for Europe, ou Action pour la Sécurité de l’Europe en français), doté d’un budget de 150 milliards d’euros.
Le but principal de cette initiative est de renforcer les secteurs où la production européenne reste insuffisante, notamment dans la fabrication de missiles, de munitions, de drones ainsi que dans les systèmes de défense antiaérienne. Des pays extérieurs à l’Union, tels que l’Ukraine ou la Norvège, pourront également prendre part à ce dispositif. La participation du Royaume-Uni est pour l’heure en cours de négociation. Il faut souligner que la majorité des achats d’armement réalisés par l’Union proviennent à l’heure actuelle des États-Unis, ce qui pose un problème stratégique important.
C’est dans ce contexte que cet accord cherche à inverser la tendance. Il stipule que les projets d’armement devront désormais être majoritairement confiés à des industriels européens, à hauteur d’au moins 65 % des composants utilisés. La part restante, plafonnée à 35 %, pourra être fournie par des pays qui ne font pas partie du programme « SAFE ». La France pourrait tirer avantage de cette mesure, disposant d’acteurs de poids dans le secteur de la défense, tels que Thales, Safran, ou encore MBDA, spécialiste des missiles.
Bruxelles accélère le mouvement
Les ambassadeurs des 27 États membres doivent se réunir mercredi 21 mai, avant que l’accord final ne soit formalisé lors de la prochaine session des ministres européens chargés des Affaires européennes, prévue le 27 mai. La Commission européenne souhaite agir rapidement et à un rythme soutenu. Ainsi, « SAFE » ne constitue qu’une infime partie du plan global présenté il y a environ six semaines, auquel la Commission aspire à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros en vue de renforcer l’arsenal militaire européen. Ce plan comprend notamment un prêt européen d’envergure encore plus grande, destiné à soutenir l’effort de défense dans son ensemble, à l’image des dispositifs financiers déployés durant la crise sanitaire liée au Covid-19.
La France, malgré des finances publiques fragilisées, se montre favorable à ce projet. Éric Lombard, le ministre de l’Économie, a exprimé son soutien le 17 mai, tandis que Clément Beaune, haut-commissaire, a publié une note en ce sens le 19 mai. Pour lui, c’est le seul moyen viable d’obtenir les dizaines de milliards d’euros nécessaires pour garantir la sécurité du pays, sans devoir compromettre, par exemple, son modèle social.