Le jour même où un rapport consacré aux Frères musulmans est présenté, la sénatrice issue du centre critique fortement les mesures adoptées, les qualifiant de purement symboliques et peu efficaces. Elle propose en revanche d’adopter une approche plus rigoureuse en renforçant la surveillance des engagements au sein des associations ainsi que la traçabilité des financements accordés à ces organisations.
« Va-t-il aussi interdire les babouches ?« , s’amuse la sénatrice centriste de l’Orne, Nathalie Goulet, ce mercredi 21 mai. Cette remarque fait suite aux propositions avancées mardi par Gabriel Attal, chef du parti présidentiel Renaissance, visant à combattre « l’entrisme islamiste« , à la veille de la remise d’un rapport consacré aux Frères musulmans. Ce document met en lumière « une forme d’islamisme discret qui progresse en cherchant à s’infiltrer dans les associations sportives, culturelles, sociales ou autres« , a expliqué le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, lors de l’annonce de ce rapport.
Parmi les mesures envisagées par Renaissance, Gabriel Attal propose notamment d’interdire le port du voile dans les espaces publics aux mineures de moins de 15 ans. Une idée qui fait réagir vivement Nathalie Goulet, experte des questions liées aux Frères musulmans. « C’est totalement absurde« , critique-t-elle. « Est-ce qu’on va leur demander leur pièce d’identité dans la rue ?« , s’interroge-t-elle avec ironie. « Interdire les babouches également ?« , poursuit-elle sur le ton de la plaisanterie.
Renforcer la surveillance des financements
Une autre solution que propose Nathalie Goulet repose sur le « contrôle accru des flux financiers« . Il s’agit de « prendre garde à ce que ces financements ne soient pas conditionnés, afin d’empêcher l’infiltration des associations« . Elle rappelle que les Frères musulmans ne se sont pas organisés en parti politique ni en association officielle, ce qui crée une « complexité si l’on souhaite les interdire ou les inscrire sur la liste des organisations terroristes« . D’où l’importance selon elle d’encadrer davantage leur implication dans les associations ou dans leur financement.
« Le véritable problème est la transparence autour des financements. »
Nathalie Goulet, sénatrice de l’Orneinterview sur 42mag.fr
Elle poursuit en expliquant que « le cœur du problème, ce sont ces financements qui dictent un comportement« , en particulier lorsqu’ils proviennent de l’étranger. Elle évoque notamment une « anomalie » liée au financement associatif en France, avec des « dédutions d’impôts peu ou pas contrôlées« , pointées du doigt par la Cour des comptes. « Je pense que c’est un volet qu’il faudra aborder sérieusement« , insiste la sénatrice, qui dénonce aussi la « présence de financements européens bénéficiaires d’associations en lien avéré avec les Frères musulmans« .
Pour « empêcher une prise progressive de la société par des extrémistes cherchant à la subvertir« , Nathalie Goulet appelle à « des actions concrètes et efficaces, et non à l’exploitation politicienne de ce dossier« .