Emmanuel Macron a déclaré son intention de reprendre les discussions entre les partisans de l’indépendance et ceux favorables au maintien du statu quo vers la mi-juin. Cette initiative fait suite à l’échec des pourparlers récents concernant le futur cadre institutionnel de l’archipel, qui a été secoué en 2024 par des troubles et des soulèvements violents.
Marine Le Pen aime surprendre en étant présente là où on ne l’attend pas forcément. C’est ainsi qu’elle s’est éloignée de l’Assemblée nationale, à plus de 17 000 kilomètres, alors que son groupe parlementaire était divisé autour du débat sur l’aide à mourir, une loi qu’elle n’a jamais soutenue pleinement. La présidente des députés du Rassemblement national s’est envolée mercredi 28 mai pour la Nouvelle-Calédonie, où l’attendaient trois jours d’échanges avec différents acteurs locaux.
Un an après les émeutes violentes qui ont secoué cet archipel, également marqué en mai 2024 par des affrontements ayant causé la mort de 14 personnes et des dégâts matériels évalués à plusieurs milliards d’euros, dans un contexte de crise économique et sociale profonde, Marine Le Pen a immédiatement pris position à son arrivée. Toujours candidate potentielle à la présidentielle, elle a critiqué la relance des pourparlers entre indépendantistes et loyalistes annoncée par l’Élysée pour la mi-juin. Selon elle, « ces discussions risquent d’échouer à cause d’un affrontement d’ego entre le ministre des Outre-mer et le président de la République, ce dont la Nouvelle-Calédonie n’avait nullement besoin« , lance-t-elle avec virulence.
Marine Le Pen se présente comme une force apaisante et souhaite favoriser le dialogue en se focalisant sur la reconstruction économique du territoire. À Nouméa, le Rassemblement national met en avant son succès à organiser des réunions avec presque toutes les forces politiques locales, y compris avec le FLNKS, mouvement indépendantiste autrefois rejeté avec force par le Front national sous Jean-Marie Le Pen.
Quelles avancées peut-on attendre de ce séjour ? Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, espérait simplement que le dossier sensible de la Nouvelle-Calédonie ne serve pas de prétexte à des manœuvres politiciennes au niveau national, compte tenu de la tension persistante.
Les émeutes du 13 mai 2024, parmi les plus graves depuis les années 1980, ont éclaté à la suite d’une contestation contre un projet visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie. Les indépendantistes s’opposaient fermement à ce projet, accusant Paris de tenter de réduire l’influence politique de la population kanak, autochtone du territoire. Depuis 2007, un gel électoral empêche une large partie des résidents arrivés après novembre 1998, date des accords de Nouméa, de voter aux scrutins provinciaux. Cette situation électorale, combinée au boycott du dernier référendum d’autodétermination en 2021 par les indépendantistes, a figé durablement le contexte politique dans l’archipel.