Au moment où le chef de l’État français continue jeudi sa visite officielle en Asie du Sud, d’abord en Indonésie puis à Singapour, la Chine multiplie ses efforts pour renforcer son emprise dans les nombreuses îles minuscules dispersées à travers le Pacifique.
En ce moment, la Chine accueille avec beaucoup d’éclat les ministres des affaires étrangères de onze petits États insulaires du Pacifique. Ces nations sont extrêmement petites, presque comme des points sur la carte. Parmi elles, on retrouve Nauru, qui compte à peine 9 800 habitants, et Kiribati, une république parlementaire de très petite taille située au nord de Tahiti. Les délégations des Samoa, des îles Cook et du Vanuatu sont également présentes. Pendant ces deux jours de réunion, les échanges porteront sur l’aide au développement, les aides financières destinées à gérer les catastrophes naturelles, ainsi que les stratégies pour combattre la pauvreté.
La Chine se démarque comme la seule grande puissance à offrir un accueil aussi prestigieux à ces micro-nations, les recevant avec faste dans la station balnéaire de Xiamen, sur son littoral. On peut s’interroger sur les motivations derrière cette attention toute particulière. Malgré leur faible poids sur la scène internationale, ces pays occupent une position géographique cruciale dans le Pacifique, une région où la Chine nourrit des ambitions claires, notamment en matière militaire. L’exemple le plus marquant est celui des Îles Salomon, un des participants à ce sommet, avec lequel Pékin a conclu en 2022 un accord militaire très controversé dans les cercles occidentaux.
Le but visé : renforcer son influence sur le dossier de Taïwan
Pour gagner la faveur de ces petits États insulaires aux ressources limitées, la Chine n’hésite pas à injecter plusieurs centaines de millions d’euros. Par exemple, au Vanuatu, Pékin a offert les clés d’un nouveau palais présidentiel l’été dernier. Cette stratégie de séduction permet à la Chine de consolider son influence dans la région, notamment sur la question taïwanaise. En effet, au cours des dernières années, trois de ces îles ont coupé leurs relations diplomatiques avec Taïwan pour entrer en lien avec Pékin. Ce choix n’est pas anodin, tout comme le lieu choisi pour ce sommet : Xiamen, une ville positionnée sur le détroit de Taïwan, en face directe de l’île.
L’expansion de l’influence chinoise dans le Pacifique suscite une réelle inquiétude chez les grandes puissances occidentales. L’Australie, en particulier, considère cette région comme faisant partie de sa zone d’influence naturelle. La France, sous la présidence d’Emmanuel Macron, fait également preuve d’un intérêt grandissant pour l’Indopacifique. Paris suit avec vigilance les démarches chinoises, notamment parce que la France possède trois territoires dans cette zone : la Polynésie française, aussi vaste que le continent européen, les petites îles de Wallis et Futuna, et surtout la Nouvelle-Calédonie où, il y a peu, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a souligné la nécessité d’une présence française pour faire face aux « prédations », pointant en particulier la montée en puissance de la Chine.