Bruno Retailleau serait-il en train de reprendre à l’identique les positions du Rassemblement national sur la question de l’islamisme radical ? C’est en tout cas l’accusation qu’a portée le parti dirigé par Marine Le Pen le 2 juin dernier.
Pour faire face à la menace de l’islamisme radical, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau suggère d’amender la Constitution en y insérant un nouveau dispositif. « Personne ne peut invoquer sa religion, ses convictions ou ses origines pour se soustraire aux règles communes », a-t-il annoncé le 26 mai 2025. Marine Le Pen, qui s’est exprimée à ce sujet le 2 juin, affirme que cette initiative est directement issue de son parti politique.
Une démarche loin d’être inédite
La proposition formulée par Bruno Retailleau et revendiquée par Marine Le Pen n’est pas vraiment nouvelle. En effet, dès 2003, le président Jacques Chirac avait déjà prononcé une formule très proche, reprise plus tard par divers parlementaires de l’UMP. Par la suite, le Rassemblement National ainsi que certains sénateurs Les Républicains ont envisagé d’inscrire cette phrase dans le texte constitutionnel. Cependant, plusieurs spécialistes soulignent que cette idée n’apporte rien de substantiel puisqu’elle est en réalité déjà implicite dans les normes juridiques les plus élevées et ne changerait donc rien à la situation juridique actuelle. Cette proposition relève plus du slogan politique que d’une mesure législative véritablement innovante.
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Nos principales références
Constitution française du 4 octobre 1958
Conseil constitutionnel, Décision n° 2004-505 DC du 19 novembre 2004 relative au Traité instituant une Constitution pour l’Europe
Allocution de Jacques Chirac sur le respect du principe de laïcité dans la République, 17 décembre 2003
Assemblée nationale, Résolution n° 3397 sur l’importance du respect des principes de laïcité, fondement du pacte républicain, et de la liberté religieuse, 31 mai 2011
Proposition de loi n° 879, 15e législature, 13 avril 2018
Proposition de réforme constitutionnelle pour garantir la supériorité des lois de la République, 3 février 2020
Conseil d’État, décision du 11 décembre 2020
Experts consultés
Gwénaële Calvès, professeure de droit public à l’Université de Cergy-Pontoise, responsable du diplôme universitaire « Laïcité et principes républicains »
Nicolas Hervieu, juriste spécialisé en droit des libertés et enseignant à Sciences Po
Revue des droits et libertés fondamentaux, Nul ne peut « se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes ». Parcours d’un slogan politico-juridique
Cette liste n’est pas exhaustive.