Dimanche, la question de diminuer les effectifs de la fonction publique a été abordée par le ministre de l’Économie ainsi que par Amélie de Montchalin, ministre en charge des Comptes publics, dans le cadre de l’élaboration du budget pour l’année 2026. Cette proposition suscite beaucoup de débats et est considérée comme particulièrement sensible.
La proposition de réduire de moitié le nombre de fonctionnaires, avancée par deux figures majeures du gouvernement, Éric Lombard lors d’une interview sur France Inter, et Amélie de Montchalin, a déclenché une vive polémique ce dimanche 8 juin. La contestation s’est immédiatement manifestée : Force ouvrière a rapidement annoncé la tenue d’une conférence mardi matin pour exprimer son opposition farouche à toute diminution des effectifs. Par ailleurs, la CGT et la CFDT ont également exprimé leur mécontentement.
En suggérant une révision ambitieuse des effectifs dans la fonction publique, l’exécutif prend un risque considérable, celui de provoquer l’hostilité des syndicats et d’enclencher un nouveau conflit social, alors que le débat sur la réforme des retraites atteint une phase décisive.
Des effectifs pointés du doigt par la Cour des comptes
Pour parvenir à économiser 40 milliards d’euros dans le cadre du budget 2026, Éric Lombard a clairement indiqué qu’il était nécessaire d’engager une diminution du nombre d’agents publics. En effet, la France consacre actuellement près de 350 milliards d’euros par an pour le traitement de ses fonctionnaires et agents des services publics. Cette perspective de réduction de la masse salariale est également appuyée par des recommandations de la Cour des comptes.
Plus précisément, entre 1997 et 2022, le nombre d’agents titulaires de l’État a augmenté de 23 %, alors même que la population française n’a progressé que de 14 % dans le même laps de temps. En 2023, la fonction publique comptait ainsi 5,8 millions d’agents, soit environ 62 000 de plus qu’en 2022. Ce constat s’éloigne nettement de l’engagement pris en 2017 par Emmanuel Macron, qui envisageait la suppression de 120 000 postes, dont 50 000 dans la fonction publique d’État et 70 000 dans les collectivités territoriales.
Cependant, cette croissance des effectifs s’explique en grande partie par un accroissement des emplois dans le secteur hospitalier, particulièrement marqué après la crise du Covid-19, qui a mis en lumière des besoins criants en personnel. Il faut garder à l’esprit que les trois grandes branches de la fonction publique — État, collectivités territoriales et hospitalière — présentent des réalités très contrastées.
Une annonce sans précision chiffrée
Éric Lombard évite toutefois de quantifier précisément le nombre de postes qu’il envisage de supprimer. Au moment où les ministères transmettent leurs demandes budgétaires, Bercy exerce une forte pression pour qu’ils réduisent non seulement leurs recrutements mais aussi les augmentations de salaires des agents publics.
De leur côté, les syndicats avancent déjà plusieurs arguments pour contrecarrer cette démarche. D’une part, ils soulignent que, du fait des salaires peu attractifs et des conditions de travail souvent difficiles, il est de plus en plus compliqué de recruter des profils qualifiés, notamment dans des secteurs tels que l’éducation ou la justice. Selon la CFDT, plus de 10 % des postes dans la fonction publique d’État sont restés vacants l’année dernière faute de candidats. D’autre part, alors que la demande des citoyens pour davantage de services publics est forte, ces suppressions d’emplois paraissent incompatibles avec leurs attentes. Ainsi, la confrontation entre gouvernement et syndicats s’annonce déjà intense.