La responsabilité des airbags défectueux de la marque Takata a été établie dans le décès d’une femme âgée de 37 ans survenu à Reims. Ce tragique incident porte à 18 le nombre de victimes recensées en France liées à ces dispositifs de sécurité défaillants.
Un scandale majeur continue de causer des dommages et des victimes. Les airbags défectueux fabriqués par Takata, société japonaise reconnue coupable de fraude et de conspiration aux États-Unis en 2017, ont provoqué un second décès sur le territoire métropolitain français. En réaction, le constructeur automobile Citroën a exigé, mardi 17 juin, l’arrêt immédiat de toutes les Citroën C3 et DS3 en Europe encore équipées de ces dispositifs potentiellement dangereux.
Concrètement, 441 000 véhicules Citroën C3 et DS3 produits jusqu’en 2019 sont visés par cette décision à l’échelle européenne, dont 82 000 recensés en France, en plus de ceux déjà immobilisés précédemment. Franceinfo fait le point sur cette nouvelle opération de rappel massive.
Un accident mortel causé par l’explosion d’un airbag défectueux
La responsabilité des airbags Takata a été confirmée dans le décès d’une femme de 37 ans, suite à un accident survenu le 11 juin dernier sur l’autoroute près de Reims. L’ouverture violente de l’airbag dans sa Citroën C3 de 2014 a provoqué des blessures très graves qui ont conduit à son décès, a précisé le procureur François Schneider. D’après la cellule investigation de Radio France, la victime aurait tenté d’éviter un poids lourd avant de heurter la glissière de sécurité de la route. C’est à ce moment que l’airbag s’est déployé. Le véhicule s’est ensuite immobilisé sur le bas-côté.
Les secours présents sur les lieux ont immédiatement été frappés par la gravité du traumatisme facial subi par la victime, un signe distinctif des blessures liées aux airbags Takata. Radio France indique que la victime n’avait pas reçu d’avis de rappel pour remplacer l’airbag de sa Citroën C3 datant de 2014. La marque a informé l’AFP qu’elle avait envoyé un courrier recommandé le 20 mai, mais celui-ci a été retourné à l’expéditeur en raison d’une adresse erronée issue du fichier des cartes grises.
Ce drame survenu à Reims est le deuxième accident mortel attribué au scandale des airbags Takata en métropole, selon le ministère des Transports. L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a dénoncé ce « nouveau décès inacceptable » qui aurait pu être évité si les mesures adéquates avaient été prises par Stellantis, le groupe propriétaire de Citroën. Elle a ainsi déposé une plainte et réclamé la mise en place d’une commission d’enquête « pour identifier les dysfonctionnements et établir clairement les responsabilités ».
Le parquet de Reims a ouvert une enquête pour homicide involontaire avant de transmettre le dossier au parquet de Paris, chargé de centraliser toutes les procédures liées au dossier Takata au niveau national. Au total, le ministère des Transports a enregistré 18 morts et 25 blessés en France, dont 16 décès et 24 blessés dans les territoires d’outre-mer.
Un rappel massif touche 82 000 véhicules en France
Le 17 juin, Philippe Tabarot, ministre des Transports, a ordonné l’arrêt de toutes les Citroën C3 et DS3 pour procéder au remplacement de leurs airbags. Jusqu’à ce jour, certains conducteurs étaient seulement invités à changer les dispositifs, sans être sommés d’immobiliser leurs automobiles.
Citroën a répondu en fin de journée via son directeur Xavier Chardon, qui a annoncé un rappel dit « stop drive » à l’échelle européenne, ce qui signifie l’interdiction immédiate d’utilisation de toutes les C3 et DS3, indépendamment de leur année de fabrication, le temps des réparations. Au total, 441 000 voitures des modèles C3 et DS3 fabriquées jusqu’en 2019 sont concernées à travers l’Europe, dont 82 000 en France, au-delà de celles déjà mises hors circulation.
La majorité de ces 82 000 voitures correspond aux Citroën C3 produites entre 2014 et 2017 et aux DS3 produites entre 2014 et 2019. « Il est essentiel que les clients prennent contact avec nous », a souligné Xavier Chardon à l’AFP. « Nous assumons pleinement nos responsabilités. Les rappels ont été lancés, mais nous allons plus loin avec ce ‘stop drive’ », a-t-il ajouté, affirmant qu’il s’engageait « personnellement à éliminer tous les airbags Takata des Citroën ».
Près de deux tiers des véhicules ont déjà fait l’objet d’une réparation
Depuis 2014, le scandale des airbags défectueux de Takata a secoué l’industrie automobile mondiale et provoqué plusieurs décès. Un gaz dont la stabilité diminue avec le temps peut entraîner l’explosion des airbags, notamment dans les régions chaudes et humides, projetant alors des morceaux métalliques vers les occupants du véhicule. De nombreux constructeurs ont dû immobiliser des millions d’automobiles afin de remplacer ces équipements à risques.
En France, Citroën avait lancé début 2025 l’immobilisation d’environ 236 900 modèles C3 et DS3 dans la moitié nord du pays, précédée d’une première campagne de rappel au printemps 2024 dans le sud de l’Europe, ciblant certains modèles. Cette mesure ne concernait pas, jusque-là, les véhicules sortis d’usine après 2013. Après un démarrage laborieux, notamment en raison d’une pénurie d’airbags de remplacement, les rendez-vous en concession se sont multipliés.
Un rappel par courrier simple, sans ordre d’arrêt d’utilisation, avait été lancé en mai 2025 pour les véhicules produits à partir de 2014. « Nos analyses ne détectaient pas de risque d’altération au-delà de 2013 », avait indiqué un porte-parole de Stellantis. Près d’un tiers des automobiles doivent encore être réparées : parmi plus de 690 000 Citroën C3 et DS3 équipées d’airbags defectueux en France, 481 000 ont déjà bénéficié du remplacement, soit 69,7 % des véhicules concernés, selon Stellantis.