Dans une recherche récente, le Cevipof met en lumière une augmentation exceptionnelle du nombre de maires qui ont quitté leurs fonctions depuis l’année 2020. Selon Martial Foucault, le chercheur à l’origine de cette étude, ce phénomène doit être considéré comme un sujet à part entière, distinct des problèmes de violences dont sont victimes certains élus.
Dans le cadre de mon analyse portant sur les 2 200 départs de maires enregistrés depuis 2020, seulement une quarantaine concernent des résignations motivées par des actes de violence. Ce phénomène semble donc totalement distinct
», rappelle jeudi 19 juin sur 42mag.fr Martial Foucault, chercheur au Cevipof. Celui-ci a conduit une étude à l’Observatoire de la démocratie de proximité AMF-Cevipof/SciencesPo, dont les résultats ont été publiés simultanément par 42mag.fr, Le Monde et l’AFP. Cette recherche met en lumière une vague de démissions « sans précédent » chez les maires français depuis le début du mandat actuel, en juillet 2020, totalisant 2 189 élus ayant quitté leur poste, soit environ 6 % de l’ensemble des maires élus.
Parmi les motifs les plus fréquemment invoqués pour ces départs, figurent notamment les « conflits au sein des conseils municipaux », les « transmissions de mandat planifiées » ainsi que des raisons liées à la santé des élus. En revanche, « les agressions physiques ou verbales ne semblent pas constituer un facteur déclencheur » dans ces démissions. « Ce phénomène est véritablement indépendant des violences, même si celles-ci ont également augmenté durant cette mandature », tient à souligner le spécialiste.
L’impact du confinement en 2020 sur cette mandature
Les départs volontaires représentent une large majorité, à hauteur de 71 % des cas. Trois causes principales expliquent ces démissions volontaires. La première, qui concerne 30,9 % d’entre elles, est liée aux tensions au sein du conseil municipal. « Il faut se souvenir qu’en 2020, durant la période du confinement, la formation des équipes et les débuts de l’engagement ne pouvaient se faire en présentiel. Tous les conseils municipaux ont dû fonctionner en partie via visioconférence, ce qui a limité la présence et l’implication des membres. Je pense que cela a laissé une empreinte durable sur cette mandature », commente Martial Foucault.
« Lorsqu’un tiers des démissions trouve son origine dans des désaccords, cela révèle clairement que la manière dont fonctionnent aujourd’hui les conseils municipaux sur le plan démocratique reste perfectible. »
Martial Foucault, chercheur au Cevipofinterview sur 42mag.fr
Par ailleurs, d’après Martial Foucault, ces départs ne signalent pas « une crise de vocation au sein de l’engagement municipal ». « La France », fait-il remarquer, « est le seul pays au monde capable de mobiliser près d’un million de candidats sur des listes municipales lors d’une élection, sur un corps électoral de 48 millions de personnes. Si nous étions réellement confrontés à une crise majeure, ce taux d’engagement ne serait pas aussi élevé ».