Le mardi 15 juillet, François Bayrou a dévoilé les principaux axes de son projet de budget pour l’année 2026. Le Premier ministre a fait savoir qu’un programme s’étalant sur quatre ans était prévu, comprenant environ 44 milliards d’euros d’économies à effectuer dès l’année prochaine. Le 16 juillet, dans l’émission « La Matinale », Aurore Bergé, ministre déléguée responsable de l’Égalité entre les femmes et les hommes, est revenue en détail sur les mesures contenues dans ce plan.
Le mardi 15 juillet, François Bayrou a marqué les esprits en présentant le budget de 2026, dans lequel il propose des réductions drastiques des dépenses publiques pour permettre une économie de 44 milliards d’euros en une seule année. Certaines mesures, telles que la suppression de deux jours fériés ou la participation accrue des retraités aux efforts financiers, suscitent déjà des critiques de la part de l’opposition. Pour discuter de ces annonces, Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes ainsi que de la Lutte contre les discriminations, répond aux questions d’Alix Bouilhaguet lors de « La Matinale » du mercredi 16 juillet.
Voici la retranscription partielle de cette interview. Pour visionner l’intégralité, cliquez sur la vidéo ci-dessus.
Alix Bouilhaguet : Hier, le Premier ministre a dévoilé un plan ambitieux sur quatre ans, avec pour objectif d’économiser près de 44 milliards d’euros en 2026. Avant d’entrer dans les détails de ce budget, comment l’appréhendez-vous ? Voulez-vous dire qu’il s’agit pour vous d’un budget d’austérité, de rigueur, ou encore un budget qui sera difficile à vivre pour les Français ?
Aurore Bergé : Je préfère voir ce budget comme un budget de lutte. Un budget qui révèle aux Français la réalité de la situation financière, la vérité sur la dette, mais aussi sur les choix que nous sommes contraints de faire dès aujourd’hui. Si nous ne prenons pas ces mesures maintenant, ce sera davantage de dettes pour nos enfants, des impôts supplémentaires, et surtout le risque que la France perde en crédibilité, ce qui pourrait déclencher une crise grave. Nous sommes donc dans une démarche combative.
Vous disiez que François Bayrou a frappé fort. Cette année blanche, qui consiste à geler les prestations sociales, les pensions, le barème de l’impôt sur le revenu ainsi que les salaires des fonctionnaires sans tenir compte de l’inflation, affecte tout le monde, y compris les plus modestes. Est-ce que cela ne pose pas problème ?
Le Premier ministre a clairement indiqué que l’effort devait être partagé par tous les Français, et c’est ce qui importe. Ce qui aurait été inéquitable, ce serait que l’État ne fasse pas sa part. Or, l’État assume une large part de cet effort. Il y aura notamment un non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, des économies substantielles seront réalisées, avec 3 000 emplois publics non renouvelés dès l’an prochain. L’année suivante, cette politique continuera en ciblant les fonctions non stratégiques. On poursuivra également le travail important sur les agences et opérateurs publics. L’essentiel, c’est que l’État montre l’exemple avant de solliciter les citoyens, sans désigner un groupe spécifique.
« Une déduction forfaitaire de 2 000 euros pour chaque retraité »
Les retraités ne subissent-ils pas une double peine ? Ils perdent l’abattement de 10 % pour frais professionnels, remplacé par un forfait, et doivent aussi faire face à cette année blanche sur leurs pensions.
L’année blanche signifie que les Français percevront exactement la même somme l’année prochaine que cette année. Il n’y aura donc pas de baisse, surtout dans un contexte où l’inflation est inférieure à 1 %. Ils ne perdront rien en pouvoir d’achat. Nous avons été très attentifs à protéger les retraités. Cela dit, il faut que tout le monde participe à l’effort collectif. Concernant l’abattement de 10 %, cette mesure avait déjà été proposée lors du budget précédent, sous le gouvernement de Michel Barnier. Je considère qu’il s’agit d’une question de justice fiscale et sociale. On ne supprime pas complètement l’abattement, on le remplace par une déduction forfaitaire de 2 000 euros par an et par retraité pour les frais professionnels. Cette déduction profitera davantage aux retraités modestes ou de la classe moyenne qu’à ceux disposant de revenus plus élevés. Au-delà de 20 000 euros annuels de retraite, niveau déjà important en France, il faudra donc participer davantage.
Sur la philosophie générale, l’année blanche ne semble-t-elle pas une mesure minimaliste ? En somme, ce n’est pas une politique économique à part entière, ni une réforme structurelle. N’est-ce pas une solution trop facile ?
Il ne faut pas oublier que ce dispositif n’est qu’un élément dans un ensemble de mesures. Lorsqu’on parle de 43,8 milliards d’euros d’économies, l’année blanche en représente 7 milliards. C’est important, mais ce n’est pas tout. Par ailleurs, des réformes structurelles sont bel et bien au programme. C’est la raison pour laquelle nous avons annoncé la relance des discussions sur l’assurance chômage. C’était une revendication forte de notre groupe politique Renaissance, que nous avions déjà initiée. Le travail est au cœur des réflexions : on souhaite à la fois réduire les dépenses tout en augmentant les recettes de l’État. Ces recettes progresseront parce que nous travaillerons davantage et mieux, notamment grâce à un travail en continu tout au long de l’année. La qualité des conditions de travail fait également partie du sujet.
François Bayrou a par ailleurs suggéré de supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai. Pensez-vous que les Français accepteront facilement cette proposition ?
Il est vrai que lorsqu’on interroge la population sur la perte d’un jour férié, la réponse est souvent négative. Ce n’est clairement pas une mesure populaire. Cependant, elle est nécessaire, car nous avons besoin d’allonger le temps de travail pour générer plus de recettes et davantage de cotisations. Il est indispensable que cet effort soit collectif. Concernant précisément le 8 mai et le lundi de Pâques, le Premier ministre a insisté sur le fait qu’il s’agit de pistes encore ouvertes. Si besoin, nous pouvons revoir quel jour férié est concerné ; ce n’est pas le point principal de la discussion.
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