Depuis la soirée de jeudi, plusieurs représentants du Rassemblement national ainsi que d’autres personnalités appartenant à l’extrême droite expriment leur désapprobation face à la décision prise par Emmanuel Macron de reconnaître officiellement l’État de Palestine en septembre dernier.
La reconnaissance officielle de l’État palestinien suscite de vives réactions au sein du paysage politique français, notamment des critiques virulentes émanant de l’extrême droite. Pour le Rassemblement national, Emmanuel Macron aurait accordé « une légitimité institutionnelle et internationale inespérée au Hamas », tandis qu’Éric Ciotti qualifie cette décision d’« imprudente », d’« opportuniste électoralement » et d’« indécente ».
La droite radicale n’hésite pas à être très directe dans ses reproches envers le président de la République. Marine Le Pen dénonce, sur le réseau social X, « une erreur politique et morale » à laquelle s’ajoute pour elle l’idée que « État palestinien, État Hamas, État terroriste » seraient, en somme, synonymes.
Parmi ses plus proches collaborateurs, Thomas Ménagé, président du groupe RN à l’Assemblée nationale, se moque d’un chef d’État français qui est « félicité par un groupe terroriste », faisant allusion au communiqué du Hamas saluant la décision prise par Emmanuel Macron. « Voilà ce qu’il laissera derrière lui comme héritage diplomatique pour la France », ajoute l’élu. Jordan Bardella, président du parti, parle quant à lui d’une prise de décision « trop hâtive » ayant pour effet d’offrir au Hamas « une reconnaissance institutionnelle et internationale inattendue ».
Affirmer sa rupture avec un passé marqué par l’antisémitisme
Bien que le Rassemblement national défende officiellement la solution à deux États, il a clairement opté pour un alignement en faveur d’Israël depuis le 7 octobre. Les membres du parti de Marine Le Pen s’en prennent régulièrement à Emmanuel Macron qu’ils jugent insuffisamment engagé en soutien à Israël, tandis qu’ils accusent en parallèle la gauche, et en particulier La France insoumise, d’antisémitisme pour leurs discours dénonçant les actions israéliennes qualifiées de génocidaires et leur refus de désigner le Hamas comme groupe terroriste.
Le RN multiplie les gestes pro-israéliens, comme l’illustre la visite inédite de Jordan Bardella en Israël au mois de mars. Cette démarche constitue également une stratégie délibérée du Rassemblement national, anciennement Front national, pour se distancier de son historique antisémite. Effectivement, la dédiabolisation du parti passe par là. Malgré les frappes israéliennes, les milliers de morts, la famine touchant les Palestiniens et la destruction subie par Gaza, Marine Le Pen doit maintenir une posture de soutien total à Israël. L’objectif est clair : rompre avec l’image associée au Front national de Jean-Marie Le Pen.
Les attentats commis par des groupuscules islamistes durant les années 2010 ont également modifié les priorités. La lutte contre l’islamisme radical devient désormais centrale, une cause que le RN partage avec Benyamin Nétanyahou et son gouvernement d’extrême droite.