La France s’apprête à devenir le tout premier pays, parmi les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, à officialiser sa reconnaissance de l’État de Palestine. Cette décision importante sera formellement annoncée en septembre prochain par le président Emmanuel Macron, lors de la tenue de l’assemblée générale de l’ONU à New York. Quelles seront les répercussions de cette démarche ?
Ce passage est extrait d’une transcription partielle du documentaire mentionné ci-dessus. Pour visionner le reportage complet, cliquez sur la vidéo.
Le jeudi 24 juillet en soirée, le consul de France à Jérusalem a remis une lettre marquante au chef de l’Autorité palestinienne. Sur deux pages, le président Mahmoud Abbas est salué pour avoir condamné les attentats terroristes du 7 octobre, exigé la libération immédiate des personnes prises en otage et réclamé le désarmement du Hamas. Dans ce courrier, Emmanuel Macron annonce que « la France procèdera à la pleine reconnaissance de la Palestine en tant qu’État ». Cette déclaration a rapidement suscité la colère du Premier ministre israélien, qui a réagi en affirmant qu’« un État palestinien serait utilisé comme un tremplin pour détruire Israël ».
Les présidents français successifs ont toujours exprimé leur appui à une solution fondée sur deux États. Par exemple, en 1996, Jacques Chirac clamait : « Il faut que la colonisation cesse », sans pour autant officialiser la reconnaissance d’un État palestinien. Face à la dégradation constante des conditions humanitaires à Gaza, Emmanuel Macron a choisi de franchir ce cap, avec l’ambition de rallier d’autres nations afin de créer une dynamique positive et de parvenir à une résolution diplomatique du conflit.
Une reconnaissance avant tout symbolique ?
Plus de 140 pays ont déjà officiellement reconnu la Palestine comme un État, parmi lesquels certains membres européens tels que l’Espagne. Néanmoins, la France serait la première nation du G7 et le premier membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies à effectuer cette démarche. Reconnaître l’État palestinien signifie essentiellement affirmer la légitimité de son existence. En réalité, la Palestine est un territoire fragmenté, comprenant d’une part la bande de Gaza, et d’autre part la Cisjordanie. Ce territoire est de plus en plus morcelé, en raison de l’avancée des colonies israéliennes, tandis que la souveraineté sur Jérusalem reste un point de discorde majeur entre les deux parties.
Selon Frédéric Encel, spécialiste en géopolitique à l’Université Paris 8, « Cette reconnaissance porte une forte valeur symbolique car elle ne modifiera en rien la situation concrète sur le terrain. Par ailleurs, cette entité palestinienne, si on peut l’appeler ainsi provisoirement, ne possède pas les attributs ni les réalités liés à une souveraineté effective« .
Emmanuel Macron a déclaré qu’il officialisera cette reconnaissance de l’État de Palestine au cours de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, qui se tiendra en septembre.