Les constructeurs automobiles devront répondre à des questions au sujet de situations où des freinages inopinés de véhicules, sans cause apparente, ont entraîné des accidents ces derniers mois.
Le gouvernement cherche à comprendre plus précisément l’origine des « freinages fantômes ». Le ministère des Transports a annoncé, vendredi 15 août, l’ouverture d’une enquête à la suite de plusieurs signalements de véhicules qui freinent seuls, de façon brutale et sans raison apparente.
Parmi les personnes qui tirent la sonnette d’alarme figure Joanna Peyrache. Cette jeune conductrice a vécu en avril dernier une décharge de freinage violente sur l’autoroute. « Elle s’est arrêtée sans que j’agisse et sans qu’il y ait le moindre obstacle devant moi, » raconte-t-elle à France Inter. « Cela s’est produit très vite, en environ trois secondes pour arriver à l’arrêt. Le véhicule qui me suivait m’a percutée et ma voiture a fait une rotation de 180 degrés. »
Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer, mais après l’incident, la justice a refusé l’expertise du véhicule, et la conductrice s’est lancée dans un appel à témoignages. À ce jour, elle a reçu 250 signalements. « Cela concerne diverses marques de véhicules, » précise-t-elle. « Cela peut aller d’un petit accident à des accidents plus importants, avec des personnes décédées. »
Joanna Peyrache a eu un échange avec le service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs. Cet organisme, qui dépend du ministère des Transports, va lancer des évaluations et interroger des constructeurs automobiles. Toutefois, pour les automobilistes victimes de ces « freinages fantômes », le responsable est déjà identifié par certains: dans une pétition déposée sur le site de l’Assemblée nationale le 6 août, ils affirment que « le point commun entre tous ces incidents, c’est la présence d’un système d’aide à la conduite, notamment au freinage, sur les véhicules neufs ou récents. »
Contraintes technologiques
Pour Christophe Theuil, vice‑président de la Fédération française de l’expertise automobile, il n’y a pas d’inquiétude immédiate. Interrogé par 42mag.fr, il évoque des limites technologiques, dues notamment à des conditions environnementales qui entravent la détection des capteurs, comme la pluie, le brouillard, la neige, l’obscurité ou un soleil rasant. Selon lui, le vrai enjeu réside dans la calibration des capteurs et des radars situés dans le pare-brise des véhicules, qui n’est pas toujours réalisée lorsque le pare-brise est remplacé.
« C’est comme si vous rouliez avec des verres de correction, mais qui ne sont pas bien réglés à votre vision. »
Christophe Theuilà 42mag.fr
Cette technologie, présente sur les véhicules depuis plus d’une quinzaine d’années, « est obligatoire sur tous les véhicules neufs fabriqués en Europe depuis 2022 », rappelle Christophe Theuil. « Il existe un rapport bénéfice-risque très favorable à l’électronique, car elle a évité de nombreux dommages », avance le vice-président de la Fédération française de l’expertise automobile.
Le fait que le ministère des Transports se penche sur le phénomène des freinages intempestifs est une démarche raisonnable, poursuit Theuil. « L’enquête va permettre de déterminer s’il s’agit d’une défaillance humaine de conduite, d’un problème survenu après une maintenance telle que la calibration non effectuée, ou s’il s’agit réellement d’un défaut au niveau du capteur », assure-t-il.