Contrairement à ce que soutenait le député du Rassemblement national du Gard, Yoann Gillet, de nombreuses recherches démontrent sans ambiguïté que la climatisation entraîne des répercussions sur l’environnement.
Alors que les températures demeurent élevées sur une grande partie du pays, avec 75 départements placés en vigilance orange canicule, la question revient sur le devant de la scène : serait-il pertinent d’équiper davantage la France de systèmes de climatisation, malgré leurs répercussions sur l’environnement ? Cette interrogation est portée par le député du Rassemblement national Yoann Gillet.
L’élu RN du Gard a rappelé, lors de son passage sur 42mag.fr le jeudi 14 août, que son mouvement plaide en faveur d’un vaste plan de déploiement de climatisation, notamment dans les établissements scolaires, les hôpitaux et les maisons de retraite. Pour soutenir cette proposition, Yoann Gillet affirme que « aucune étude scientifique ne démontre que la climatisation est nuisible pour l’écologie. Aucune. »
Une affirmation qui ne correspond pas à la réalité. La climatisation génère des pollutions et de nombreuses recherches le prouvent, notamment l’étude de l’ADEME. L’Agence de la transition écologique indique dans sa dernière estimation que la climatisation en France a émis près de 4,5 millions de tonnes de CO2 en 2020. Cela représente presque 1 % des émissions de gaz à effet de serre du pays pour cette année-là. Ce chiffre peut sembler modeste, mais en 2020 seulement un quart des logements et moins de la moitié des entreprises étaient équipés de systèmes climatisants.
Quelles sources de pollution proviennent de ce type d’appareils ?
Premièrement, il y a la dépense énergétique nécessaire pour faire fonctionner ces dispositifs. Cependant, ce n’est pas ce qui pollue le plus. Le véritable impact environnemental provient des fluides frigorigènes — une espèce de gaz contenus dans les climatiseurs. Une portion de ces fluides peut s’échapper au cours de la fabrication, de l’utilisation ou en fin de vie du matériel. Leur empreinte écologique est importante : selon l’ADEME, les émissions associées à ces fluides dépassent de deux fois celles liées à la consommation électrique.
Un déploiement généralisé des climatisations peut aussi générer des îlots de chaleur urbains. En effet, en expulsant l’air chaud vers l’extérieur, les températures extérieures augmentent. Une étude du CNRS a même démontré qu’à Paris, la température de certaines rues peut monter de 0,5 °C en raison des climatiseurs installés dans les bâtiments.
Les progrès techniques peuvent-ils faire baisser l’impact environnemental de la climatisation ?
Oui, et cela est prévu par une directive européenne transposée en droit national. D’ici quelques années, les fluides frigorigènes seront davantage respectueux de l’environnement. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant qu’il faudra augmenter l’usage de la climatisation, avertissent l’ADEME et le Haut Conseil pour le Climat. Ils préconisent une « utilisation raisonnée » de la climatisation dans les années à venir.
Selon ces organismes, il est préférable d’investir dans la rénovation et l’adaptation des bâtiments afin d’améliorer l’isolation, d’optimiser la ventilation, d’installer des volets efficaces, et de favoriser une végétation plus dense à proximité pour créer de l’ombre et offrir un rafraîchissement naturel.