Alors que l’échange entre Vladimir Poutine et Donald Trump se déroule sans la participation du président ukrainien ni celle des dirigeants européens, le chef d’État français cherche néanmoins à préserver sa présence sur la scène internationale.
« Sortir par la porte, entrer par la fenêtre ». Cette expression, familière pour désigner quelqu’un qu’on peine à chasser, sert aussi de fil conducteur à la manière dont Emmanuel Macron aborde les puissances qui dominent le monde. Le vendredi 15 août, une rencontre en tête-à-tête est au programme entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska. Si les deux acteurs ignorent ostensiblement les Européens dans leurs discussions pour mettre un terme au conflit russo-ukrainien, le président français, lui, s’efforce de se faire entendre et de décrocher, à son tour, sa part du gâteau.
Sa plus récente initiative est d’ailleurs apparue il y a moins de quarante-huit heures: proposer d’associer Volodymyr Zelensky à des échanges dans le cadre d’une trilatérale avec les présidents Trump et Poutine, et ce, sur le territoire européen. Cette démarche vise, pour Macron, à réapparaître sur la scène internationale en affichant qu’il est celui qui a lancé la première idée, en son nom et au nom de l’ensemble des Européens, afin d’éviter que des choix se prennent sans l’Ukraine, notamment sur les questions de territoire.
Revenir sur la scène nationale
Dans l’ensemble, la parole d’Emmanuel Macron est plutôt prise au sérieux sur la scène internationale, mais son poids politique demeure presque insignifiant face à Trump et Poutine, qui l’écoutent peu, pour le premier et pas du tout, ou presque, pour le second. Même en Europe, celui qui s’est posé comme le chef de l’Europe depuis son accession à l’Élysée en 2017 a bien du mal à s’imposer comme le leader des 27.
À la manière des Britanniques et de leur premier ministre Keir Starmer, qui, malgré le Brexit, ont repris une part active du jeu diplomatique mondial et cherchent aujourd’hui à se présenter comme les interlocuteurs privilégiés des États‑Unis de l’ère Trump, Paris voit aussi émerger une concurrence constante pour la stature de leader européen. De l’autre côté du Rhin, l’ascension du nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, qui a reçu Zelensky à Berlin mercredi dernier et qui aspire à inaugurer une ère militaire renouvelée, commence à attirer l’attention et peut même envelopper Macron d’un voile d’ombre. Sans oublier la chef du gouvernement italien, Giorgia Meloni, avec qui Donald Trump partage une proximité idéologique qui ne passe pas inaperçue.
Pourtant, Macron ne semble pas tout à fait avoir tout perdu. En utilisant avec parcimonie, mais de manière déterminée, son domaine réservé qu’est l’international — une option qu’il déploie avec une certaine régularité depuis la dissolution — il parvient aussi à réaffirmer sa position sur le plan national. Cette pratique lui offre l’occasion d’apporter régulièrement son grain de sel à la politique du gouvernement, comme lorsqu’il a annoncé le doublement du budget consacré aux armées. En définitive, cette posture lui permet d’être relativement bien perçu par les Français pour son action au-delà de nos frontières et pour l’image de puissance qu’elle renvoie.