À quelques jours du scrutin de confiance qui se tiendra à l’Assemblée nationale et qui tranchera sur l’avenir de François Bayrou et de son gouvernement, 42mag.fr continue d’écouter les Français. Le Premier ministre a, à plusieurs reprises, opposé les « jeunes », considérés comme les principales victimes de l’endettement, aux « boomers », accusés d’avoir creusé le déficit.
À Aix-en-Provence, les jeunes élèves de la faculté de droit sortent juste de leur phase préparatoire à la rentrée. À proximité du campus, le jeudi 4 septembre, un petit groupe se rassemble près de l’arrêt de bus. Interrogés sur leur perception de la crise politique, ces étudiants déclarent : « Nous sommes en droit de suivre l’actualité de près. Compte tenu de la situation budgétaire du pays, cela doit rester une priorité et si on devait connaître le même destin que la Grèce ou l’Italie il y a quelques années, non merci, car ce seraient nous qui paierions le prix. Nos parents en paient déjà les conséquences. Nous, on va devoir absorber les retombées de ce désordre, et c’est triste de voir où on en est. »
Le message martelé par le Premier ministre, François Bayrou, ces derniers jours, vise les « boomers » qu’il accuse d’avoir creusé la dette et affirme que sans changement, les jeunes risquent, faute de mieux, de devenir les premières victimes d’un déficit persistant. Jessica, étudiante en droit, se retrouve dans cette remarque. « C’est exactement cela, et cela touche tous les domaines », explique-t-elle. « Prenons l’environnement : dans les années 70, on n’y voyait pas d’inconvénients, et aujourd’hui on va subir les effets du réchauffement, les fortes chaleurs, les tempêtes et tout ce qui va avec. Pour le coût économique, on se réveille trop tard. La dette, elle, est bien présente. » » Ce constat est largement partagé par de nombreux étudiants.
Des efforts oui, mais pas à n’importe quel prix
Dans les grandes lignes, les jeunes se disent prêts à consentir à des sacrifices pour alléger la dette. En creux, toutefois, l’accord se révèle moins évident. Julia et ses amis, en deuxième année à l’IUT, se tiennent prêts à accueillir les nouveaux venus pour la rentrée. « C’est nous qui allons devoir rembourser. C’est irritant, mais après tout, que peut-on faire ? Ce sera notre boulot à nous ! » En revanche, lorsqu’il s’agit d’effacer deux jours fériés, elle adopte une posture nettement plus ferme. « Je ne suis pas d’accord : on a gagné ces jours-là, et on souhaite les conserver. Des efforts, d’accord, mais retirer ces jours fériés, non. » Ces deux jours en moins sont devenus un symbole du rejet du budget défendu par Bayrou.
Au centre-ville, se situe l’université de Sciences Po Aix. Marius, étudiant en économie et relations internationales, se prépare à reprendre les cours. « Il faut aller bien plus loin que ça, plus que la suppression de deux jours fériés », affirme-t-il. « Il existe encore des fortunes importantes qui échappent à une imposition adéquate parce qu’on redoute d’en imposer davantage. » Son camarade, Anthony, partage aussi l’idée que les jeunes ne doivent pas être les premiers ciblés par le budget. « Je n’affirme pas qu’il ne faut pas faire d’efforts, mais on ne peut pas commencer à 25, 26 ans en disant qu’on doit entrer sur le marché du travail tout en cherchant à rattraper des générations qui ont mal contribué au déficit actuel », ajoute-t-il. Pour des économies, la réduction des dépenses de fonctionnement de l’État est une option qui revient fréquemment dans les discussions de ces étudiants.
« Il faut bien reconnaître que la dépense publique est élevée. À un moment donné, il faudra la réduire ou orienter les dépenses de manière plus judicieuse. »
Anthony, étudiant à Sciences Po Aixà 42mag.fr
La dette : pas la priorité absolue chez les jeunes
Pour certains étudiants, toutefois, la dette ne représente pas le sujet le plus urgent. Virgile estime que c’est un enjeu important, mais que se focaliser uniquement là-dessus reviendrait à négliger d’autres priorités. « Il y a aussi la crise climatique, et Macron n’a pas su s’en occuper comme il le fallait ; il faudrait une vraie planification écologique. Il faut aussi s’attaquer à la dette sociale : aider les Français à se nourrir et à se loger, c’est fondamental », dit-il.
Autant de motifs d’action qui, selon Hector, étudiant en histoire, doivent nourrir l’appel à la mobilisation du 10 septembre. Il distribue des tracts à l’entrée de la faculté de lettres. « Le 10 septembre pourrait être une solution, mais il ne faut pas s’arrêter là, car je crains que ce ne soit qu’un leurre », soutient-il. Hector redoute que la situation ne s’améliore pas si le Premier ministre en place, François Bayrou, est délogé. « C’est un peu décourageant, on ne sait pas ce qui viendra après », observe-t-il. Il espère que le mouvement du 10 septembre sera largement suivi par les jeunes et qu’il saura perdurer dans le temps.