À la suite de son départ de Renault en juin, dans un contexte marqué par la crise qui frappe l’automobile, Luca de Meo prend officiellement ses fonctions chez Kering en septembre, le géant du luxe regroupant des maisons telles que Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga et Boucheron.
François-Henri Pinault a confié à Luca de Meo la mission de relancer Kering, le géant du luxe en pleine tourmente. Âgé de 58 ans, l’homme d’affaires italien a passé l’essentiel de sa carrière dans le secteur automobile et est réputé pour avoir redressé des groupes en grande difficulté, à l’instar de Renault. La surprise avait été totale en juin 2025 lorsque Pinault avait annoncé l’arrivée de De Meo, qui venait alors quitter le constructeur automobile en plein milieu de son mandat. Mardi 9 septembre, lors de l’assemblée générale de Kering, les actionnaires ont validé cette nomination.
Il incombe désormais à Luca de Meo de remettre sur pied le groupe, qui a vu ses ventes chuter de 16% au premier semestre 2025 et sa marge se réduire d’environ 13%. L’endettement devrait atteindre 9,5 milliards d’euros, dans un contexte de marché du luxe qui se durcit, sous l’effet d’un ralentissement économique international et d’un affaiblissement de la croissance en Asie.
Embauché pour sauver Gucci
La priorité de Luca de Meo sera Gucci, considéré comme l’épine dorsale de Kering. Cette marque, à elle seule, représente environ 44% du chiffre d’affaires du groupe. Or ses performances n’ont cessé de se dégrader ces deux dernières années, affichant une chute de 30% sur ce seul premier semestre 2025.
Luca de Meo s’est engagé à agir rapidement, tout en précisant lors de l’Assemblée générale de la semaine passée qu’il faudrait sans doute quelques mois avant de dévoiler un plan stratégique d’ensemble, qui sera présenté au printemps prochain. Il a toutefois promis de procéder à une « rationalisation », de « relancer » et de « redynamiser » l’ensemble des activités.
Pour l’instant, aucune mesure de suppression d’emplois n’a été communiquée, mais les 47 000 salariés du groupe ne sont pas rassurés pour autant. D’ailleurs, dans son premier discours, De Meo a d’ores et déjà indiqué qu’il faudrait « prendre des décisions qui ne seront pas toujours faciles et que cela impliquera sans doute des efforts de tous, des partenaires, des collaborateurs et du management ».
Un bonus de prise de fonction à 20 millions d’euros
En attendant l’entrée officielle en fonction, le nouveau PDG bénéficie d’un généreux cadeau de bienvenue : une prime d’accueil, ou indemnité de prise de poste, qui a été largement approuvée par les actionnaires, s’élevant à 20 millions d’euros pour avoir quitté Renault avant la fin de son second mandat. Cette particularité est source de discussions, à un moment où la fiscalité des hauts revenus suscite l’attention publique. Chez Kering, Luca de Meo percevra un salaire fixe annuel de 2,2 millions d’euros, auquel s’ajouteront des primes variables pouvant atteindre 6,5 millions d’euros et des éléments variables pluriannuels.
Selon les objectifs atteints, l’enveloppe annuelle de rémunération pourrait grimper jusqu’à 20 millions d’euros. « Cette somme est élevée, mais il faut la percevoir comme un investissement du groupe dans son avenir », a défendu François-Henri Pinault.