Lors de l’émission politique La Matinale, diffusée ce dimanche 21 septembre, Jean-René Cazeneuve, député du Gers affilié à Renaissance, fait le point sur la prochaine décision que la France s’apprête à prendre à propos de la Palestine, annoncée pour demain. Il évoque également la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre et les implications que cette nomination pourrait avoir pour l’action du gouvernement.
Le député EPR Renaissance du Gers, Jean-René Cazeneuve, qui occupe aussi l’ancien poste de rapporteur général du budget, prend part à l’émission La Matinale du dimanche 21 septembre pour réagir à la reconnaissance par l’État palestinien annoncée par Emmanuel Macron, prévue pour lundi 22 septembre. Il décrit ce geste comme extrêmement significatif et s’exprime au cours de l’interview face à Brigitte Boucher.
Ce texte est extrait d’une portion de la retranscription de l’entretien ci-dessus. Pour visionner l’intégralité de l’interview, cliquez sur la vidéo.
Brigitte Boucher : Demain, on voit sans doute des drapeaux palestiniens hissés sur les mairies pour marquer la reconnaissance de l’État palestinien par le président devant l’ONU. Êtes-vous opposé à cette démarche ?
Jean-René Cazeneuve : Il faut respecter le cadre légal. Je sais que certains députés aiment instaurer le chaos. Toutefois, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’ajouter ces drapeaux sur les façades municipales, au regard du geste symbolique fort que le chef de l’État va accomplir lundi à l’ONU. C’est une étape d’une importance majeure. Ce qu’il va dire lors de son allocution est également crucial. Qu’attend-il de l’autorité palestinienne ? Qu’impose-t-il aux pays arabes en retour ? Cela peut enclencher une dynamique puissante en faveur d’un nouveau processus de paix.
Cette reconnaissance de l’État palestinien suscite des débats, notamment sur le calendrier. Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il choisi ce moment et pourquoi les conditions qu’il avait formulées ne sont-elles pas réunies ?
C’est étonnant d’affirmer être favorable à la solution à deux États — une position que la France défend depuis longtemps et que je partage — tout en refusant de reconnaître l’État palestinien. Je perçois ce signal comme une mise en garde à Netanyahou pour l’amener à faire pause. Ce qui s’est passé le 7 octobre est intolérable. C’est un acte terroriste, un pogrom, et la grande majorité des Français partage cet avis. Les otages qui en découlent sont inacceptables. Mais ce que fait Benjamin Netanyahou à Gaza l’est tout autant.
Le président de la République s’engage dans une nouvelle dynamique de paix
N’y a-t-il pas des leviers de pression à employer ?
Les leviers traditionnels exercés sur Netanyahou n’ont pas donné les résultats escomptés. Il faut plutôt dialoguer avec les États arabes capables d’influer sur la situation au Moyen-Orient et avec l’Autorité palestinienne. Le président semble ainsi prendre le pari de relancer une dynamique en faveur d’un processus de paix. Cela fait quatre-vingts ans que les pays de la région se trouvent dans la guerre, que les antagonismes entre Israël et ses voisins subsistent, et qu’on peine à concrétiser l’État palestinien, tout en constatant que les engagements de 1948 ne sont pas pleinement respectés. Et il n’y a aucune ambiguïté du côté du président quant au 7 octobre.
Est-ce une victoire pour le Hamas ?
Le Hamas a été fortement affaibli par la réponse légitime d’Israël après le 7 octobre. Le président semble adresser ce message non pas au Hamas, mais à l’Autorité palestinienne.
Vous avez assisté aux journées parlementaires d’Arras. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a aussi déclaré : « si nous ne changeons pas de cap, ce sont les Français qui nous feront changer ». Cela signifie-t-il qu’il faut abandonnier le macronisme ?
Non, ce n’est pas mon avis. Il semble tenter de s’adapter à la balkanisation de l’Assemblée nationale, dépourvue de majorité et marquée par trois blocs qui se distinguent. Si François Bayrou et Michel Barnier n’ont pas réussi à débloquer la situation, le style du Premier ministre — son modestie, son engagement envers les enjeux, sa capacité à dialoguer — peut modifier la donne. Il a aussi accéléré le cycle de dialogues et de rencontres avec les autres acteurs et prend presque chaque jour des mesures pour répondre aux attentes des Français.
Même si les syndicats avancent leurs propres revendications — arrêt de la baisse du chômage, fin de l’année blanche, taxation des hauts revenus —, est-ce que s’adapter équivaut à céder à ces demandes ?
Aujourd’hui, le paysage politique se décompose en trois blocs. On peut comprendre la tentation d’additionner les demandes de l’extrême droite et de la gauche radicale, mais leurs objectifs divergent nettement. Le bloc qui porte la majorité est aujourd’hui le centre-droit, avec une droite aussi influente. Reste que des compromis restent envisageables, mais pas au détriment de la stabilité budgétaire ni du soutien d’une large partie de l’opinion.
Étant donné votre ancien rôle de rapporteur général du budget, vous avez suivi les estimations d’économies du plan Bayrou qui tablait sur 44 milliards, alors que le PS propose 22 milliards. Selon vous, quel niveau d’économies est pertinent ?
Le chiffre utile est celui qui permet de réduire au mieux les intérêts de la dette qui plombent les finances publiques. Plus l’effort est conséquent, mieux c’est pour libérer les moyens des politiques publiques — la transition écologique, la rénovation des hôpitaux et des écoles, et l’investissement pour l’avenir. Ce n’est ni une faveur à l’Europe ni au monde des investisseurs, mais une démonstration de bon sens qui nous pousse à baisser le déficit.
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