Une usine implantée en Île-de-France a mis en pause, lundi, la production de véhicules jusqu’à la fin du mois. La direction explique que des travaux et une adaptation jugée indispensable au contexte du marché automobile motivent cette interruption. Cependant, les salariés peinent à comprendre pourquoi l’arrêt s’étire autant et exigent des garanties en matière d’emploi.
Est-ce que l’on assiste bientôt à la disparition d’une usine emblématique de l’industrie automobile française ? Du lundi 13 au 31 octobre, le site Poissy de Stellantis, en Île-de-France, cessera la fabrication de véhicules. Sur les 2 500 salariés qui y travaillent, environ 2 000 vont être mis au chômage partiel ou placés en congé. Face à cette période d’incertitude, entre inquiétude réelle et messages de la direction, les employés restent dans l’attente et s’interrogent sur leur avenir.
Les équipes du matin font le relais avec celles du soir. Derrière les plaisanteries habituelles, les conversations convergent toutes vers le même sujet. « Des rumeurs évoquent peut-être une fermeture », lâche Stéphane, 39 ans, qui œuvre à Poissy depuis plus de la moitié de sa vie professionnelle. Il se dit profondément bouleversé. « On navigue un peu à flots tremblants, parce qu’on redoute l’avenir, et il poursuit : « Nous sommes comme de petites brebis au milieu de tout cela. »
« On est assis là, mais on ne sait pas ce qui se passe là-haut. On est en bas, on fait notre boulot, nos heures et on rentre chez nous… »
Stéphane, salariéà 42mag.fr
Et en bas, une autre inquiétude persiste: la fin du mois. En raison du chômage partiel, Mimoune a calculé qu’il va toucher environ 300 euros de moins. « Il n’y a personne ici qui n’a pas peur », assure-t-il. « Mais il faut garder espoir. Ce n’est pas facile pour tout le monde, car la perte de salaire est réelle. Néanmoins, s’il faut faire face, on s’y résout. L’objectif premier, c’est de maintenir l’emploi ici. »
Nous allons agir et lutter
Un perspective que Jean-Pierre Mercier, représentant du syndicat Sud et porte-parole du mouvement Lutte ouvrière, accueille avec un regard plutôt pessimiste: il est convaincu que la production d’Opel Mokka et de Citroën DS3 sur ce site touche à sa fin. « Je suis persuadé qu’ils projettent la fermeture de l’usine, » déplore-t-il. « Nous allons nous battre. Cela fait 18 mois que l’on sonne l’alarme. Il faut sortir du déni, abandonner les illusions, se rassembler et reprendre notre destin en main. »
« Il faut réfléchir à la façon d’obtenir des garanties de la direction pour pouvoir préserver nos familles une fois que la dernière Mokka quittera les chaînes de production. »
Jean-Pierre Mercier, délégué du syndicat Sudà 42mag.fr
Beaucoup plus optimiste, en revanche, est Brahim Aït Athmane, responsable Force ouvrière sur ce même site, malgré l’étrangeté de ce chômage partiel prolongé. « Il n’y a pas de fermeture programmée, nous en avons la certitude ; au contraire, une transformation est en cours, » avance-t-il. « La troisième semaine est inexplicable et on ne lâchera pas. Mais il n’est pas question de fermer le site. »
Du côté de Stellantis, on justifie ces trois semaines d’arrêt par des travaux à réaliser sur le site de Poissy et par l’adaptation nécessaire face à la conjoncture éprouvante du marché automobile européen. D’autres usines du groupe ne sont pas épargnées par cette pause dans la production, notamment celles de Sochaux (Doubs) et de Mulhouse (Haut-Rhin).