Crainte des systèmes électroniques, recul du pouvoir d’achat et scepticisme envers les véhicules électriques… Autant d’éléments qui expliquent en partie pourquoi les Français conservent leurs anciennes voitures plus longtemps et se tournent même vers des modèles déjà largement usés lorsqu’ils achètent.
En 2025, l’âge moyen du parc automobile français s’établit à 11,5 ans, contre environ 9 ans il y a une douzaine d’années, d’après les chiffres du Service des données et statistiques (Sdes). Conséquence, les ateliers mécaniques ne chôment pas, comme 42mag.fr l’a constaté dans un garage installé au Bourget, en Seine-Saint-Denis.
Dans l’allée de l’atelier, une file ininterrompue de véhicules attend d’être pris en charge. « Aujourd’hui on va remplacer un alternateur sur une Peugeot 308, on va changer un galet tendeur et une poulie d’alternateur sur une C4 et ensuite on va intervenir sur un join de cache-culbuteur sur une Sharan », énumère Laurent. C’est une journée bien remplie pour ce garage et son père, qui en sont propriétaires depuis deux décennies.
Ils les bichonnent pour qu’elles tiennent
En vingt ans, ils ont vu défiler pas mal de modèles, mais désormais on leur demande souvent des miracles d’entretien. « Il y a des voitures qui datent vraiment, mais roulent encore. Leurs propriétaires prennent soin d’elles et les bichonnent pour qu’elles tiennent la route plus longtemps », raconte Laurent. Il se souvient d’une visite il y a quelques semaines d’une femme arrivée avec une Twingo I. « Elle tenait absolument à la garder, elle appartenait peut-être déjà à son père. On a remplacé le mécanisme de la vitre, les ampoules du compteur qui ne s’allumaient plus et le klaxon », détaille le mécanicien.
Dans son atelier, il constate que les voitures deviennent de plus en plus anciennes, avec des kilométrages qui s’envolent, comme ce client venu faire changer le joint de cache-culbuteur de son véhicule. « J’ai une vieille voiture, 334 000 kilomètres, mais elle est solide, elle roule très bien », affirme-t-il fièrement. « J’ai choisi ce véhicule parce que je n’ai pas confiance dans l’électronique. On vous dit qu’il n’y a rien de cassé, mais ça ne démarre pas », ajoute-t-il, fidèle à l’époque où il privilégie les voitures d’occasion et où il a connu de belles durées de vie.
« Quand je l’ai achetée elle avait déjà 300 000 kilomètres, mais c’est un diesel. Tant qu’elle roule je la garde. »
Le propriétaire d’une Sharanà 42mag.fr
Si ce conducteur tient tant à son véhicule, c’est qu’il lui rend bien service pour sa petite famille, notamment grâce à son coffre volumineux. En ouvrant l’espace de chargement, on comprend pourquoi. Dix kilogrammes de farine, des dizaines de boîtes de concentré de tomate, du café, des packs d’eau et de limonade… « Comme j’habite dans un F3, je n’ai pas de place, et je range ici toutes mes réserves de nourriture. C’est pour cela qu’on opte pour ce genre de voiture. Tout coûte désormais trop cher », explique-t-il.
L’électrique, « c’est mort ! »
Logement et voiture… Comme le budget ne peut pas s’étendre, l’achat d’un véhicule neuf – et encore moins d’un véhicule électrique – n’est pas envisageable. « On aimerait bien, pourquoi pas, mais c’est trop cher », soupire-t-il. Moïse fait aussi partie des habitués du garage, lui qui possède plusieurs voitures qui ont vécu des décennies. « J’en ai une de 1973, une de 1984, une de 1986… », énumère-t-il. Et ne lisez pas trop vite la voiture électrique comme une option : « Ah non, c’est mort. C’est trop cher et on ne peut pas les dépanner, il faut les faire réparer dans des ateliers agréés », déplore ce sexagénaire, qui aime encore remettre les mains dans le cambouis pour rafistoler ses propres véhicules.
Les chiffres de l’occasion penchent aussi en faveur des voitures anciennes. Sur les plateformes d’annonces, les modèles affichant plus de 250 000 kilomètres gagnent en popularité et passent de la cinquième à la deuxième place des tranches kilométriques les plus consultées sur Leboncoin auto. Moïse confirme l’observation avec sa Volkswagen Coccinelle de 1999, qui attire souvent les regards:
« Tout le monde veut me l’acheter. Mais je réponds, ‘non, ce n’est pas à vendre’ ! »