Selon les conclusions du rapport, chaque année l’usure des pneus entraîne une pollution notable de l’air, des sols et des eaux.
C’est « un cocktail toxique », a déclaré lundi 3 novembre sur 42mag.fr Stephen Kerckhove, directeur général de l’association Agir pour l’environnement, qui publie un rapport sur la pollution due à la composition des pneus. Le document précise qu’au moins chaque année en France, l’usure des pneumatiques rejette près de 80 000 tonnes de substances dans l’atmosphère, sur les sols et dans les eaux. Selon ce même rapport, ces particules exposent l’ensemble de la population, et tout particulièrement les enfants, à des risques accrus de cancers, de troubles neurologiques, ainsi que de maladies respiratoires et cardiovasculaires.
« C’est une pollution tout à fait significative et mal évaluée, en termes de quantité et ‘de qualité’. On a analysé six sortes de pneus de grandes marques de constructeurs et on a trouvé 1 954 molécules différentes », précise Stephen Kerckhove. Parmi elles, 40% présentent un danger pour la santé humaine ou l’environnement aquatique.
Certaines molécules « potentiellement mortelles en cas d’ingestion »
Plus précisément, selon le délégué général d’Agir pour l’environnement, « 111 [molécules] seraient toxiques pour les milieux aquatiques, 112 sont classées CMR, c’est-à-dire cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques par l’Agence européenne des produits chimiques ». Reprotoxique désigne ce qui est toxique pour la reproduction. De plus, 85 d’entre elles peuvent même être « potentiellement mortelles en cas d’ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires », souligne le rapport.
« On lance l’alerte et on aimerait bien que l’Agence nationale de sécurité environnementale (Anses) diligente une enquête sur ces molécules », ajoute Stephen Kerckhove. Les répercussions sur la santé humaine, « on ne les connaît pas », admet-il, en raison d’un manque de transparence, notamment de la part des constructeurs. « Nous demandons la levée du secret industriel [sur la composition des pneus] pour que les scientifiques puissent diligenter des enquêtes ».
De son côté, Dominique Stempfel, président du syndicat du pneu, affirme sur 42mag.fr que des travaux sont « effectués pour éradiquer un certain nombre de molécules ». « Les manufacturiers n’ont pas attendu cette étude pour travailler », insiste-t-il. Selon lui, les fabricants élaborent des pneumatiques « qui éliminent un certain nombre de produits pétrosourcés pour les remplacer par des produits écosourcés ».

		





