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Autour d’un pique-nique improvisé, on échange des merguez et une pluie de souvenirs: les nuits blanches, les tirs de Flash-Ball, les réunions agitées au bureau même de l’ancien ministre de l’Intérieur. Des membres fondateurs de l’association AClefeu se retrouvent ce jeudi 26 juin pour préparer des commémorations des révoltes qui avaient éclaté à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, après la mort de Zyed Benna et de Bouna Traoré, deux adolescents qui tentaient d’échapper à un contrôle de police, le 27 octobre 2005.
Autour de la table, les discussions tournent aussi bien autour du passé que des lendemains: la communauté s’est donnée pour mission de ne plus rester spectatrice, mais d’agir. Mohamed Mechmache, fondateur et figure du collectif, évoque le moment pivot où AClefeu a décidé de prendre part activement au débat public: c’est après les violences qui avaient traversé tout le pays, et après l’émission d’information sur laquelle il s’est surpris à réagir publiquement. « Je regardais la télévision et j’ai compris qu’on ne pouvait plus laisser les responsables politiques expliquer que tout venait des insuffisances familiales, du rap ou de la polygamie », raconte-t-il.
La tragédie de Zyed Benna et Bouna Traoré est décrite comme le catalyseur d’un sentiment d’injustice sociale dans ces quartiers. Mohamed Mechmache rappelle que les tensions qui suivirent ont conduit AClefeu à proposer des solutions concrètes pour les banlieues: réduire le nombre d’élèves par classe et soutenir la police avec des outils comme des caméras-piétons. Parallèlement, Clichy est devenu, avec les projets de rénovation urbaine, un symbole des politiques de la ville. « Il a fallu arracher les avancées, mais il reste encore beaucoup à faire », déclare aujourd’hui Mechmache. Prospectée comme l’un des territoires les plus précaires de l’Hexagone, la commune demeure l’une des dix plus pauvres du pays selon l’observatoire des inégalités.
Un paysage urbain transfiguré
La cité ressemble aujourd’hui à un vaste chantier. Dans le quartier du Chêne pointu, que le film Les Misérables de Ladj Ly a rendu célèbre et qui fut le théâtre des émeutes de 2005, les grilles côtoient les grues et les démolisseurs. Depuis son balcon, Mamadou, un retraité d’origine malienne âgé de 65 ans, contemple les débris d’une grande barre d’immeubles désormais effacée. Il vit ici depuis des décennies et a vu le premier projet de violence surgir il y a vingt ans: « J’ai dit aux jeunes d’arrêter, car une fois le quartier détruit, nous, on reste ».
La transformation urbaine s’est poursuivie avec de nouvelles constructions, et les bâtisses autrefois délabrées ont été remplacées par des ensembles plus modestes de quatre à cinq étages. Pour autant, les problèmes d’entretien persistent, et l’on s’inquiète du délabrement rapide des matériaux et des pannes d’ascenseurs, tout comme du manque de suivi des bailleurs sociaux. Le quartier demeure encore marqué par l’héritage des années soixante, quand les barres de logements ont été édifiées en réponse à une politique d’urbanisation expansive.
Les travaux de rénovation ne visent pas à tout détruire, mais à rénover et restructurer. Dans le cadre de ces efforts, Mamadou et son frère vivent désormais dans un logement de trois pièces, partagé avec la sœur de Mamadou et son épouse Mariam. Le quotidien est dur: l’humidité gagne les murs, l’odeur de moisi se répand dans les escaliers, et les infiltrations d’eau lorsqu’il pleut créent des désagréments quotidiens. Au-delà des difficultés de logement, le couple précise que les relogements restent compliqués, notamment en raison de dettes impayées avoisinant les 16 000 euros. Nombreux sont les habitants qui restent dans les barres fatiguées du Chêne pointu, héritage d’un urbanisme des décennies passées. Pour faire face, les habitants peuvent compter sur le soutien des associations, qui interviennent dans la gestion des problèmes courants comme la plomberie et l’isolation: « On gère en attendant les réhabilitations », explique Zoé, salariée de l’association Compagnons Bâtisseurs.
Des initiatives collectives se mettent en place pour soutenir les copropriétés dégradées, mais le chemin reste long. Depuis 2015, seulement deux immeubles ont été démolis et la fin des travaux est encore loin, estimée à l’horizon 2030. Dans le cadre du grand plan de rénovation, les tours du Chêne pointu cèderont progressivement la place à des immeubles plus petits, et les destructions sont nombreuses dans l’objectif de réaménager le secteur. Le maire, Olivier Klein, remarque que le rythme est le point faible du projet: « La faiblesse de ce programme, c’est le temps. J’ai le sentiment que l’on avance moins vite aujourd’hui que lors du premier programme ANRU. » Cependant il rappelle que Clichy a profondément changé depuis 2005.
Les rénovations ont aussi fait apparaître un visage plus aéré du haut de Clichy, où certains habitants s’émerveillent: « Ça va mieux aujourd’hui, il y a vingt ans, c’était autre chose », témoigne Jamel, 56 ans. Mais les critiques ne manquent pas: malgré les nouveaux immeubles, certains points de friction persistent, notamment au niveau des logements sociaux et de leur capacité à assurer un suivi régulier des chantiers et des infrastructures.
« La ville a besoin d’un dynamisme économique »
Le quartier du Chêne pointu devient, malgré tout, une zone où l’on observe un certain contraste: l’amélioration de certains secteurs coexiste avec le déclin d’activités économiques dans le centre commercial, qui se meurt en attendant une démolition prochaine. Sur la place, la plupart des commerces ont déserté, à l’exception d’un bureau de poste, d’une boulangerie et d’une épicerie, laissant une vaste dalle désormais presque vide et autrefois couleur d’animation. Igor Vimenyoh, qui a grandi ici et qui a tenté sa chance en politique locale, déplore la disparition des commerces traditionnels. « La ville a besoin d’un élan économique, d’initiatives qui ramènent de l’argent et du dynamisme », affirme-t-il.
Après avoir cédé ses commerces, Igor a fini par s’installer dans une commune voisine, mais il n’a pas quitté le quartier pour autant. Avec son association Mission Mars, qui se charge de médiation et d’animations, il a aidé deux jeunes à lancer une épicerie solidaire en périphérie du centre commercial à l’abandon. Le local peut être modeste, mais les réfrigérateurs fonctionnent et les prix sont avantageux: « Nous visons à proposer des produits à des prix divisés par deux ou trois pour permettre une alimentation plus abordable », précise Erwan, qui partage ce lieu avec son ami Faudé.
Pour les habitants, il faut un peu de solidarité pour faire face à la crise du coût de la vie. L’épicerie solidaire, comme d’autres initiatives, se base sur le vote du prénom des personnes pour les inscrire sur une liste de distribution via un groupe WhatsApp, afin de les tenir informées des livraisons: « Carotte, poireau, poivron, banane… tout est disponible aujourd’hui », annonce le message, signé par les bénévoles; « c’est difficile la vie, mais ils nous aident. Ce sont des anges », témoigne un passant. L’histoire de l’aide sociale et de la solidarité est indispensable dans une ville où le taux de pauvreté frôle les 42% et où le chômage grimpe au-delà de 19%, selon l’Insee. Peter, qui fréquente le centre commercial tout au long de la journée, raconte son propre calvaire: « La police m’a pris mon chien parce que je dormais dans les caves et qu’on a fermé ces lieux. Aujourd’hui, je dors dans ma voiture, c’est dur ».
L’agglomération offre peu de perspectives économiques et compte peu d’entreprises, ce qui limite les possibilités de stages et d’alternances. Yunus, qui suit une formation en logistique, témoigne: « Il faut aller dans les communes voisines, mais les transports compliquent tout ». Le maire, pour sa part, résume la situation: « Nous faisons ce que nous pouvons, mais cela ne suffira jamais. Nous attirons des commerces et un peu de tertiaire, mais il nous manque du foncier économique ». Les employeurs majeurs restent l’hôpital de Montfermeil et les centres commerciaux qui perdurent dans la zone.
La ligne T4 du tramway relie Bondy et le RER E, mais elle ne permet pas encore d’éviter les longues heures de trajet pour atteindre Paris, située pourtant à une trentaine de kilomètres. Il faut encore plus d’une heure pour rejoindre la capitale. L’arrivée du grand projet du Grand Paris Express, la ligne 16, est largement espérée comme une solution: « L’histoire de Clichy serait différente si nous avions eu un moyen de transport fiable il y a longtemps », explique un élu. Les études indiquent qu’avec le métro, le nombre d’emplois accessibles en 45 minutes pourrait être multiplié par dix, mais le chantier a encore accumulé du retard.
« La police a changé »
À la suite des émeutes, Clichy-sous-Bois s’est dotée d’un commissariat en 2010 pour répondre aux appels à la tranquillité des habitants, rappelle le maire. Toutefois, pour beaucoup, la situation ne s’est pas apaisée et les jeunes se plaignent des contrôles répétés. « Ils ne sont pas violents, mais cherchent la petite bête. Et c’est fréquent », affirme un lycéen de 18 ans, Jonathan, au sujet des policiers. « La dernière fois, mon fils courait avec ses cousins. Trois jeunes, et tout de suite la police les a arrêtés; ils voulaient juste rejoindre le bus », déplore Hassan, père de famille de 60 ans.
La police dément tout contrôle au faciès et affirme qu’une majorité de la population cherche d’abord plus de sécurité et la fin des nuisances. Le commissaire Ronan Delcroix explique que l’enjeu est surtout social et structurel: « La précarité et l’enclavement de la commune nourrissent un fort sentiment d’absentéisme et des nuisances importantes », résume-t-il, en citant notamment les occupations de parties communes, les trafics de stupéfiants et les incivilités telles que les dégradations et les tapages.
Pour restabiliser le lien avec les habitants, le commissariat a mis en place le Centre de loisirs et de la jeunesse: des policiers coordonnent des activités et des sorties destinées à 150 à 200 jeunes les mercredis et pendant les vacances. « Cela joue un rôle crucial pour prévenir l’entrée dans la délinquance », affirme-t-il. Dans les rangs des agents, certains estiment toutefois que la situation s’est détériorée: « Il y a vingt ans, j’étais au sein d’une unité de proximité, on pouvait discuter tranquillement à pied, explique un policier de Clichy-Montfermeil. Aujourd’hui, on est sur la défensive. Quand on arrive en patrouille, les jeunes partent en courant », confie-t-il.
« On a perdu le lien et le dialogue avec la population », déplore un policier de Clichy-sous-Bois. Mehdi et Karim, lycéens de 17 et 18 ans, s’échangent un regard en passant près d’une patrouille: « Je ne parle pas avec eux, et eux non plus; chacun de son côté. Depuis Zyed et Bouna, il y a une grosse mésentente avec la police », résume Karim. Au fil du temps, les tensions autour du rapport entre police et jeunes restent une source d’inquiétude constante, nourrissant une défiance qui se transmet d’une génération à l’autre.
Le transformateur EDF où Zyed Benna et Bouna Traoré ont trouvé la mort est devenu un symbole des cicatrices laissées par ces événements, et chaque mort liée à des interventions policières résonne comme une nouvelle secousse. Après l’épisode de Nahel à l’été 2023, puis celui de Kyllian Samathi, père de famille de 30 ans qui a succombé après avoir reçu une série d’électrochocs lors d’un contrôle à Montfermeil en janvier 2024, le débat s’est rouvert sur le rôle protecteur de la police. « Ils doivent nous protéger, mais ils ôtent des vies », affirme Mehdi. Malgré les efforts entrepris, deux mondes continuent de se heurter sans s’entendre: « On tente de sensibiliser pour montrer que la police peut aussi être là pour nous, mais c’est complexe », reconnaît Modebo, animateur à la Maison de la jeunesse.
La culture comme échappatoire
Pour rompre avec la peur et offrir d’autres horizons, la ville s’appuie sur un ensemble d’initiatives culturelles qui cherchent à contrecarrer les stigmates de la crise des cités. Après 2005, le journaliste Jérôme Bouvier n’a pas voulu rester passif: « Les jeunes ne brûlaient pas seulement les Champs-Élysées, ils brûlaient aussi leur propre quartier; c’est un appel à l’aide que j’ai interprété comme un SOS de survie », résume-t-il. En réunissant sur place des photographes puis des écrivains, il a envisagé plus grand et a donné naissance à une forme de « Villa Médicis des banlieues du monde », avant que les Ateliers Médicis n’ouvrent leurs portes en 2018.
Aujourd’hui, ce lieu accueille des résidences d’artistes, un plateau médiatique et une école qui permet à des jeunes d’envisager une carrière dans le monde de l’art. « L’objectif, c’est aussi de faire émerger une voix issue des quartiers populaires », explique la directrice, Cathy Bouvard. Pour soutenir cette ambition, un nouveau bâtiment est prévu pour 2026.
Mais les Ateliers Médicis ne constituent pas l’unique vecteur culturel de Clichy. L’espace 93 déploie une programmation variée et d’autres initiatives se déploient dans la ville. À l’occasion des commémorations des 80 ans de la libération du camp de Buchenwald, une dizaine de Clichois ont partagé les scènes avec des jeunes de Bourges et des Berlinois pour une pièce autour du livre L’Ecriture ou la Vie, de Jorge Semprun. La troupe a d’abord monté la pièce en Allemagne, puis l’a présentée en juin au Théâtre du Soleil à Paris.
Aujourd’hui, plusieurs jeunes aspirent à une carrière artistique. « Quand on vient de Clichy-sous-Bois, on se sent limité », explique Jamel, 56 ans, en rappelant que la ville ne dispose ni de cinéma ni d’école de théâtre. « Quand on franchit le périphérique pour postuler à une formation théâtrale, on ne se sent pas toujours à sa place. Depuis 2005, on ressent un peu de mépris, on est parfois catalogués comme des racailles », poursuit-il. Cette expérience a éveillé des envies d’ailleurs: Mohammed a surmonté ses difficultés en anglais pour dialoguer avec des partenaires allemands; Jameel, lui, ne se voit pas rester dans la même ville pour toujours: « En restant ici, on s’enferme; on ne parle qu’aux mêmes personnes avec les mêmes idées. J’ai envie de rencontrer des gens différents et de m’ouvrir au monde ».
Les prénoms ont été modifiés pour préserver les personnes mentionnées.
Rédaction: Clément Parrot
Photographie: Pauline Gauer
Design: Adèle Thomas
Développement: Valentin Pigeau
Relecture: Stéphanie Thonnet
Supervision éditoriale: Camille Caldini, Julie Rasplus







