Bien que l’invitation lui ait été adressée, la gauche n’a pas pris part à la séance budgétaire organisée par le gouvernement pour lundi, son absence s’expliquant par la présence du Rassemblement national lors de cette discussion.
Un exercice d’équilibre politique. Le Parti socialiste a choisi de ne pas participer à la séance de négociation budgétaire qui s’est tenue, lundi 3 novembre à la mi-journée, au ministère des Relations avec le Parlement, en invoquant notamment la présence du Rassemblement national. Les socialistes n’ont toutefois pas censuré le gouvernement pour laisser place au débat budgétaire, alors même que ce dernier ne se passe pas pour l’instant en leur faveur. En quête d’un compromis sur le budget, sans donner l’impression de se faire rouler dans la farine, le PS avance sur une corde raide.
Les socialistes veulent, autant que possible, éviter une censure, quasi synonyme de dissolution et de montée de l’extrême droite à leurs yeux. Donc, même si, jusqu’ici, le budget ne leur convient pas, Olivier Faure persiste à croire en une issue. « Nous sommes sur une voie de passage étroite », a déclaré le premier secrétaire du parti sur France Inter lundi.
Le PS traverse une période compliquée depuis les votes de vendredi dernier à l’Assemblée. L’hémicycle s’est prononcé contre la taxe Zucman sur les mieux nantis et contre sa version alternative, deux mesures phares des socialistes. Toutefois, le député Romain Eskenazi affirme que le PS engrange des avancées. « La semaine dernière, on a vu la suspension de la réforme des retraites validée en commission. On a assisté à une nouvelle forme d’ISF, qui devrait rapporter environ deux milliards d’euros de plus, et on a obtenu un certain nombre d’impôts, tant sur les très grandes fortunes que sur les patrimoines élevés, la revente d’actions, les Gafam… », énumère l’élu.
Désormais, le parti adopte une autre approche stratégique. Il ne s’agit plus de viser une seule taxation des plus aisés qui produirait environ 15 milliards d’euros, selon les estimations des socialistes pour la taxe Zucman. « Une série de mesures qui produisent le même total, cela nous convient aussi », résume un parlementaire du PS.
Colère et lassitude se répandent au sein d’une fraction du groupe
Parmi les députés du PS, de plus en plus d’élus ont le sentiment de ne pas obtenir suffisamment de concessions. Ils se réunissent justement pour faire le point sur les discussions budgétaires. « Tout ceci sent un peu l’enfumage », juge Pierrick Courbon, qui n’est pas satisfait. « Moi, je considère que sur les 15 milliards d’euros que nous visons aujourd’hui, nous en avons à peine le tiers. » Pour lui, le Premier ministre Sébastien Lecornu n’exerce pas assez de pression sur les députés de sa propre majorité, ce qui empêche le PS de remporter des victoires à l’Assemblée nationale.
« Le Premier ministre nous renvoie vers la majorité et la majorité nous répond : “On attend une décision du Premier ministre.” »
Christine Pirès Beaune, députée PS du Puy-de-Dômeà 42mag.fr
Le chef du gouvernement ne mobilise pas ses troupes, déplore aussi la députée socialiste Christine Pirès Beaune. « Sa majorité, soit elle n’est pas là, soit elle est totalement divisée. Il faudrait quand même que la majorité suive le Premier ministre » assure-t-elle. Un député socialiste met en garde ses homologues macronistes : « À force de camper sur leurs positions, ils vont nous contraindre à censurer Sébastien Lecornu. »







