Insulter un ministre relève de l’article 433-5 du Code Pénal, qui définit le délit d’outrage à un agent public en France. Le vocabulaire employé par François Delapierre dans son discours lors du Congrès du Parti de Gauche de 2013 soulève donc un grave risque légal que le secrétaire national de cette officine politique d’extrémistes sanguinaires se devrait de limiter autant que possible pour le salut de sa cause. Voici quelques guidelines, comme on dit « dans la langue de la finance internationale », pour éviter de tomber sous le coup de la loi quand vous exprimez une saine colère vis-à-vis d’un représentant de l’État français qui joue le jeu des élites mondialisées.
Ne dites pas « salopard », mais racontez sa vie politique qui est déjà en soi assez misérable.
Issu d’une famille de communistes, il milite d’abord à la LCR, qu’il quitte cependant à la fin de sa scolarité à l’ÉNA (promotion Louise Michel, 1982-1984, sorti à la Cour des comptes). C’est sur les conseils d’un professeur, Dominique Strauss-Kahn, qu’il intègre alors le Parti socialiste. Il fait partie en 1986 le « groupe des experts » créé par Claude Allègre. Il y aurait apporté une connaissance approfondie de Karl Marx et une volonté d’ancrer le parti plus à gauche…
Conseiller technique au cabinet du ministre de l’Éducation Lionel Jospin en 1988, devenu en 1990 le plus jeune secrétaire du PS, il se plante en tentant d’obtenir une circonscription dans le Doubs en 1993, en pleine branlée historique pour le Parti socialiste. Trésorier du PS de 1993 à 1994, il est élu député européen en 1994. En 1997, il est finalement élu député du Doubs (4e circonscription, celle de Sochaux, où se trouvent les usines Peugeot), mais ne siègera pas à l’Assemblée Nationale, étant nommé ministre délégué aux Affaires européennes, poste qu’il conserve durant 5 ans.
L’exercice du pouvoir ne leur faisant pas le plus grand bien, les Socialos repartent en 2002 comme en 1993 : pour Mosco c’est la Bérézina à Montbéliard aux municipales puis aux législatives. Et une nouvelle fois, en 2004, les élections européennes permettent à Pierre Moscovici de se relever de ses échecs et de sortir de sa traversée du désert. En outre, c’est orphelin de la jospinie qu’il se rallie alors définitivement à Dominique Strauss-Kahn, qu’il soutiendra encore en 2006 lors de la primaire pour la présidentielle de 2007.
« L’exercice du pouvoir ne leur faisant pas le plus grand bien, les Socialos repartent en 2002 comme en 1993 : pour Mosco c’est la Bérézina à Montbéliard aux municipales puis aux législatives. »
En 2007, il retrouve son siège à l’Assemblée Nationale française. En 2008, il tente de porter une contribution, Besoin de gauche, avec Arnaud Montebourg. Dans ce O.K. Corral du Parti, un peu naïf, il comptait sur le soutien de Martine Aubry, qui finalement se lance à son compte. S’estimant trahi, il rallie Bertrand Delanoë, qui déclare forfait de peur d’essuyer un score affligeant.
De 2008 à 2011, Pierre Moscovici paraît partagé entre l’envie d’y aller tout seul comme un grand et les pétoches de s’affronter aux candidats déclarés. Il structure son courant Besoin de gauche, se développe sur le web, écrit un livre sur 2012, milite pour les primaires. Cependant, n’ayant pas les couilles d’un François Hollande qui partit seul, avec six mois d’avance, alors que personne ne croyait en lui, Moscovici apporte son soutien à Dominique Strauss-Kahn. On connaît la suite : mi-mai 2011, DSK est inculpé pour cuissage de domestique à New York, et Moscovici se retrouve, neuf ans après 2002, une nouvelle fois orphelin.
Après avoir un temps envisagé de se mettre en selle, Moscovici est en juin l’un des premiers strauss-kahniens à se recaser chez Hollande. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps. En 1991, ils avaient publié ensemble L’Heure des choix, un essai s’attaquant à la politique de Pierre Bérégovoy. En 2008, ils étaient tous les deux au côté de Bertrand Delanoë. Dès la primaire de 2011, Pierre Moscovici s’impose donc comme « coordinateur » de la campagne de François Hollande, puis quand celui-ci est désigné candidat, en novembre 2011, directeur de la campagne pour l’élection présidentielle.
Pour 2012, Moscovici fait l’intendance, alors que Manuel Valls verrouille la communication et énerve tout le monde en isolant le candidat. Pierre s’imaginait sans doute que cette loyauté et cette efficacité discrètes lui garantiraient Matignon ou le Secrétariat Général de l’Élysée. Il obtient en mai 2012 Bercy comme un lot de consolation.
À Bercy, Mosco a une armée de ministres sous son aile. Et c’est chez lui que les emmerdes commencent. En août 2012, Pierre Moscovici choisit la banque Lazard pour une mission de conseil en vue de la création de la Banque Publique d’Investissement. À droite, on saisit l’occasion pour monter en épingle l’affaire de manière totalement hypocrite, en pointant les liens entre Matthieu Pigasse et Arnaud Montebourg. Le premier, président de Lazard France, a recruté pour diriger les Inrocks, un fascicule publicitaire qu’il s’est offert, Audrey Pulvar, compagne d’Arnaud Montebourg depuis 2010, dont elle s’est en fait séparé quelques semaines plus tôt. Pour se couvrir, Montebourg a regretté publiquement cette décision, allant jusqu’à promettre de ne jamais faire appel à Lazard pour le Redressement Productif, et Moscovici a donc dû défendre sa décision initiale.
Ensuite, les emmerdes, ce sont bien sûr Cahuzac. Cahu et Mosco sont partis la fleur au fusil en mai dernier dans une chasse aux milliards ubuesque. Chaque mois, ils annoncent soit un nouvel impôt, soit de nouvelles idées pour faire des coupes. C’est une affaire d’honneur. Un ancien trosko passé par la moulinette technocratique et par 10 humiliations successives dans sa carrière politique, qui veut démontrer aux élites françaises et internationales que LUI peut le faire. 30 ans que pas un gouvernement ne parvient à dégager d’économies substantielles, mais les socialistes vont prouver qu’ils ont le courage que même Sarkozy n’a jamais eu. Malheureusement, en route, c’est le drame et Cahuzac est victime d’un accident de compte en Suisse. Mosco reste seul, comme Kate Winslet à la fin du Titanic, à la proue du paquebot de Bercy.
Ne dites pas « salopard », mais « opportuniste ».
« Opportuniste » a le net avantage sur « salopard » de ne pas être un mot d’argot, ce qui rendra plus difficile de qualifier l’invective d’outrage devant un tribunal. Et toute la carrière de Pierre Moscovici se résume, comme vous avez pu le comprendre, à cette qualité première. L’homme en a d’autres. Il y a un peu d’idéalisme de jeunesse chez celui qui milita à la LCR parce que le PS lui semblait justement trop « opportuniste ». Mais l’opportunisme est un vice qui ne vous lâche jamais une fois que vous y avez succombé. C’est comme une cascade, du premier abandon découlant toutes les trahisons successives. Quand Mosco se retrouve dans un dilemme entre idéalisme et opportunisme, il n’hésite pas longtemps et se rallie toujours à la position où il sent le plus gros potentiel. En apparence, il a toujours cultivé des références plus à gauche que ses camarades, mais dans le fond, il est le premier rallié à la vision gestionnaire de Jospin, et au vide intersidéral du culte Strauss-Kahn.
« C’est comme une cascade, du premier abandon découlant toutes les trahisons successives. »
Ne dites pas « salopard », mais « loser » qui retombe toujours sur ses pattes.
La politique est un métier difficile où l’on affronte beaucoup d’échecs. On pourrait ne pas tenir rigueur à Moscovici des siens, mais leur succession forme un tableau si scandaleux de ce qu’est devenu le Parti socialiste, c’est-à-dire pour l’essentiel une machine à caser les technocrates ambitieux ou les « fils de » politisés à gauche. Il existe sans doute plusieurs dizaines de jeunes cadres du PS qui se sont plantés en 1993 et 2002, qui ont vaguement envisagé une carrière d’appareil, et qui ont aujourd’hui disparu dans l’anonymat. Un Moscovici a le droit de faire 10 fois le mauvais choix. Qu’importe, il a fait l’ENA. C’est un facteur d’acceptation suffisant pour accéder à l’élite politique et économique en France, et s’y accrocher comme une huitre à son rocher.
Ne dites pas « salopard », mais homme d’appareil.
Parfois, Moscovici tente de cultiver la légende selon laquelle, comme François Hollande en Corrèze, il se serait constitué, en dépit de son profil technocratique, un ancrage électoral dans la France profonde avec sa circonscription du Doubs. Mais Mosco sait que c’est une légende et avoue volontiers être un pur homme d’appareil, comme dans ces propos recueillis en 2008 : « On essaie de me présenter comme un intellectuel aristocratique, ce n’est pas mon cas. Je suis le plus ancien membre du secrétariat national du PS, où je siège depuis 1990. J’ai été trésorier du parti, ce qui en termes d’appareil représente quelque chose. »
Ne dites pas « salopard », mais couille molle.
Et Moscovici est donc depuis 2011 comme tous les hommes d’appareil du PS : pendant 20 ans, il a caressé l’idée que ce serait peut-être lui, mais en fait, il est aujourd’hui obligé de s’avouer qu’il n’est qu’une grosse couille molle. C’est peut-être une insulte, mais il faut savoir appeler un chat un chat. Combien d’éléphants du PS ont lentement mais sûrement, pierre à pierre, pavé le chemin de leur ambition personnelle, méprisant les autres caciques du parti, et se rassurant années après années en regardant François Hollande et en se disant : « Ah ! Flanby ! Lui, au moins, c’est sûr, il n’y arrivera jamais ! » ? Tous, et Hollande lui-même sans doute. Mais au final, Flanby a eu de la chance, et aussi les cojones qu’il fallait pour se lancer malgré le ridicule, alors qu’un Moscovici doit bien s’avouer qu’il s’est débiné à chaque fois dans sa vie dès qu’il fallait prendre un risque sérieux – risquer de n’être qu’un militant d’extrême-gauche et de ne jamais gouverner, risquer de défier les illusions Jospin et Strauss-Kahn, risquer de se lancer soi-même. Un proche déclarait en 2012 ainsi à propos de lui : « Mosco est un peu comme Villepin, il a peur de se planter. »
« Mosco est un peu comme Villepin, il a peur de se planter. »
Un proche
Ne dites pas « salopard », mais fanatique aveugle de l’Europe.
Le terme de « salopard » employé par François Delapierre se comprenait en fait spécifiquement dans la désignation des responsables européens qui s’amusent à expérimenter des innovations financières sur le peuple de Chypre, en bons Dr. Frankenstein de la construction européenne. On jugera de cette complexe affaire chypriote une fois qu’elle sera dénouée. Mais la métaphore des « 12 Salopards » est plutôt bien trouvée. Les ministres des finances de l’Eurogroupe sont effectivement des fanatiques lancés dans une mission suicide, derrière les lignes ennemies. Ils tentent le tout pour le tout.
« Le terme de « salopard » employé par François Delapierre se comprenait en fait spécifiquement dans la désignation des responsables européens qui s’amusent à expérimenter des innovations financières sur le peuple de Chypre, en bons Dr. Frankenstein de la construction européenne – et oui, on peut faire bien pire que « Salopards ». »
Dans la carrière d’un Moscovici, l’Europe a fait plus que la France : ministre des Affaires européennes, deux fois député européen, vice-président du Parlement, toute entrave contre le projet libéral orthodoxe mis en œuvre depuis 1992 sous influence allemande est conçue comme un acte de terrorisme inacceptable. À propos des partisans du non au référendum de 2005, il déclare ainsi qu’ils sont les Docteur Folamour d’« un choc nucléaire suivi d’un hiver où l’herbe ne repousse pas tout de suite ». Moscovici est donc l’un des artisans de la stratégie qui a plongé l’Europe dans deux décennies de crise : il a mené comme ministre entre 1997 et 2002 les négociations visant à l’élargissement express de l’Union aux pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale ; de cet élargissement qui va doubler le nombre de pays membres vont découler les blocages institutionnels qui rendent impossible aujourd’hui de dégager un vrai consensus de valeurs et d’intérêts et favorisent nettement depuis la vision technocratique promue par l’Allemagne et ses vassaux.
Pendant la campagne de 2012, Moscovici voulait se défaire des critiques concernant cet européisme aveugle. Il déclarait ainsi : « J’ai consacré treize ans de ma vie à l’Europe, j’ai été vice-président du Parlement européen, ministre des Affaires européennes, j’ai été l’un des rédacteurs de la Constitution européenne, j’ai voté oui à tous les traités européens. Mais pour la première fois de ma vie, si par malheur je me trouvais demain dans l’opposition, je voterais non au plan d’austérité européen. » Par contre, une fois au gouvernement, finies les postures ?
Ne dites pas « salopard », mais technocrate condescendant.
Le plus terrifiant dans cette vision technocratique, ce n’est pas tant son idéologie européiste que son mépris des peuples. Quand on explique ensuite à un technocrate condescendant que c’est en fait un boucher, il vous répond que vous ne comprenez rien à la complexité des arbitrages en jeu. Mais lui, de son côté est parfaitement insensible à l’outrance de ses actes. Imaginez-vous tout de même ces 17 ministres et leurs conseillers qui débarquent à Bruxelles en jet ou en première, qui dorment dans des palaces, se retrouvent dans ces salles de réunion modernes et impersonnelles avec un personnel abondant à leurs ordres et des petits fours à volonté, et qui décident, seuls, d’exiger d’un pays qu’il ferme toutes ses banques et empêche tout retrait pendant plusieurs jours, une sorte de quarantaine financière pour éviter un bank run. Je sais que vu d’une mappemonde Chypre ressemble à un pet de mouche sur la Méditerranée, mais c’est tout de même 1 million de personnes, sur 10 000 km2, un peu moins que la population et la surface de la Gironde. Pensez-vous qu’on pourrait faire la même chose à Bordeaux ?
Ne dites pas « salopard », mais faux cool.
Moscovici est en plus frappé du Syndrome de Matthieu Pigasse. C’est un peu comme Gilles de la Tourette, mais au lieu de proférer des insultes de manière intempestive comme François Delapierre, Moscovici essaie d’avoir l’air cool pour se faire pardonner d’être un technocrate condescendant. Comme il reste bourgeois et technocrate condescendant, ses efforts constants pour apparaître cool et accessible ne donnent de lui que l’image d’un « intellectuel aristocratique ». Il veut fendre l’armure, se révèle… et donne pour modèle Charles Swann, le mondain de la Recherche du Temps perdu. Longtemps célibataire, on le disait dandy. Il faudrait vraiment que quelqu’un explique aux pauvres victimes du Syndrome de Matthieu Pigasse que donner l’image de quelqu’un de sympathique et de tendance dans les médias ne change rien au fait qu’on participe en coulisse à l’éviscération de la Grèce, de Chypre et des autres peuples d’Europe.
« Moscovici est en plus frappé du Syndrome de Matthieu Pigasse. C’est un peu comme Gilles de la Tourette, mais au lieu de proférer des insultes de manière intempestive comme François Delapierre, Moscovici essaie d’avoir l’air cool pour se faire pardonner d’être un technocrate condescendant. »
Ne dites pas « salopard » sans vous préparer à vous faire godwiner.
Frappé du syndrome de Gilles de la Tourette, François Delapierre n’avait donc malheureusement pas les facultés pour se retenir d’insulter Moscovici. L’accusation d’antisémitisme – qui a autant frappé Delapierre que Mélenchon pour son « Il ne pense pas en Français, mais dans la langue de la finance internationale » – était pourtant prévisible, un chroniqueur de 42mag.fr l’avait analysé dès le 20 mars. Ce buzz factice a été rapidement démonté par Stéphane Alliès de Mediapart et par le Huffington Post, qui sert à quelque chose pour une fois, en montrant les subtiles imprécisions de la dépêche de l’AFP. Ce qui finalement nous fait dire qu’il y en a un au moins qui aurait pu se faire traiter de salopard, sous ses devants d’homme d’appareil sans charisme : Harlem « Shake » Désir, à l’origine de la riposte contre le Parti de Gauche. Personne n’est obligé de tenir Méluche dans son cœur. Mais quelle stratégie de merde le PS nous mène-t-il là, à vouloir disqualifier les critiques de sa politique en pulvérisant le point Godwin à la moindre occasion ? Quel vide programmatique habite Solférino pour n’avoir plus comme argument contre ses anciens alliés que les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire ?
Expliquons sans détour ce que signifie « penser dans la langue de la finance internationale » : c’est une manière de considérer que tous les expédients, les pires solutions, les mesures de rétorsion les plus implacables et scandaleuses, valent mieux qu’un simple défaut sur la dette. Mieux vaut saigner les peuples que de flouer les créanciers internationaux. Pourquoi ? Un technocrate condescendant européiste dira qu’en remettant en cause le caractère sacré de la dette, on ouvre la boîte de Pandore, et on risque une épidémie de défauts. Un chaos financier absolu où tout le monde perdra. En réalité, l’argument est spécieux : avec les solutions de l’austérité sans fin, ce sont les peuples qui sont ruinés, tandis qu’on préserve la fortune des puissants.
Ne dites pas « salopard », mais « collabo ».
La question de trouver le bon mot pour qualifier Pierre Moscovici ne date pas d’hier. Ce « petit bourgeois » qui ne fait qu’appliquer la politique imposée par une certaine oligarchie mérite-t-il autant d’attention ? D’après Moscovici, cette attaque qui vise à le réduire à un pion des puissances de l’argent tient de la théorie du complot, de la « synarchie », comme il dit dans son langage d’intellectuel aristocratique qui pense « dans la langue de la finance internationale ». Le processus qui mène un Mosco à servir uniquement les intérêts des plus riches est une complexe matrice sociale, faite des structures de la noblesse d’État française, de l’idéalisme frustré, de l’opportunisme et des déceptions carriéristes de l’homme, de l’illusion européiste des années 1990, de réseaux humains comme le Cercle de l’Industrie dont fait partie Moscovici, où sont ânonnées certaines idées, de la pure idéologie, sur le déficit de compétitivité de la France, sur la décennie de croissance nulle qui se serait ouverte, etc.
Le terme de « salopard » paraît finalement déplacé : il désigne plutôt le collectif, les 17 ministres, dans leur mission sacrée, que l’homme, qui ne saurait être réduit à cela. Au final, la meilleure métaphore – pour en éviter sans doute une autre, en d’autres lieux, en d’autres temps – qui vienne à l’esprit est celle du « collabo » décrit par Quentin Tarantino dans son dernier film, Django Unchained. Ce personnage campé par Samuel L. Jackson et qui nous paraît aujourd’hui totalement inconcevable. Ce serviteur si convaincu du bien-fondé de son humiliation qu’il serait prêt aux dernières extrémités pour maintenir le système esclavagiste et lutter contre ceux qui le menacent. Cet esclave qui rase son maître des décennies durant et à qui ne vient jamais l’idée de l’égorger, quand bien même il le peut. Et qui est, à la fin, le dernier obstacle à se dresser entre Django, et la liberté.