Jane Badler, ça vous dit quelque chose ? Mais si voyons, un petit effort ! Dans V, elle interprète Diana, la femme-lézard qui mange des rats et qui a une dent contre le genre humain – c’est bien légitime. Quoiqu’il en soit, Jane Badler est bien vivante et la femme fatale a trouvé refuge en Australie, d’où elle fomente son retour à la télévision et la sortie de son troisième album. Rencontre avec une grande dame de la télévision.
Bonjour Jane et merci de nous accorder cet entretien, notre premier avec une femme-lézard. Comment va la vie en Australie ?
J’ai une vie merveilleuse en Australie. Un mariage heureux et de très beaux chiens. C’est ici que je crée toute ma musique, donc c’est aussi très créatif !
En France, on vous connaît surtout pour avoir interprété Diana, dans V. Est-ce un rôle qui vous colle à la peau encore aujourd’hui ?
Oui, et je pense que ce sera toujours le cas. Il a produit une impression très forte sur beaucoup de gens. Ce fut une aubaine pour moi et il m’a ouvert beaucoup de portes. Je continue à voyager dans des endroits superbes pour rencontrer les fans. Je vais en Suède en décembre et en Argentine en avril pour prendre part à des festivals de science-fiction, ce qui est un moyen amusant et vraiment excitant de découvrir des villes !
Je ne suis pas le seul à avoir été traumatisé, gamin, par la série… vous mangez vraiment des rats ?
Ha, ha ! Je mange beaucoup de choses mais les rats n’ont jamais été ma tasse de thé…
Il y avait une ambition assez incroyable dans V, pensez-vous que l’influence de la série soit encore considérable aujourd’hui ?
Oui, je pense qu’elle a eu une influence déterminante. C’est le signe de la grandeur, quand une œuvre d’art continue d’influencer et d’intéresser les générations suivantes. V est toujours d’actualité dans son message politique et social.
La série avait un fort sous-texte politique, justement, elle fonctionnait à la base comme une métaphore de la Seconde Guerre mondiale. Les auteurs y évoquaient même la fin de l’apartheid… En tant qu’actrice, jouer dans V était-il vécu comme un acte politique ?
Non, j’étais jeune et simplement heureuse d’avoir décroché un rôle incroyable dans une série du soir. Je n’étais pas conscience de la portée politique que V pourrait avoir.
Quel regard portez-vous sur des mouvements tels que Anonymous, qui reprennent une imagerie tirée de la science-fiction et de l’anticipation pour parler de problèmes bien réels ?
Je ne sais pas grand chose à propos de Anonymous, mais je pense que c’est une bonne idée de recourir à des moyens créatifs pour toucher un plus grand nombre de gens, pour faire le plus grand bien !
Que pensez-vous de la nouvelle version de V ? Y a-t-il toujours autant de portée politique ?
Je pense qu’ils ont essayé d’y ajouter une teneur politique, mais malheureusement c’était édulcoré et un peu flou. Ça m’attriste que V n’ait pas réalisé son potentiel de la même façon qu’une série comme Battlestar Galactica l’a fait. Dans sa volonté d’attirer un public plus large, la série a perdu son mordant et c’était du coup un peu tiède. Je n’étais vraiment pas satisfaite de la façon dont mon personnage a évolué, et j’ai l’impression qu’ils ont manqué une belle opportunité…
Dans votre carrière, vous avez surtout joué à la télévision. Était-ce par choix ou est-il difficile pour un acteur de passer du petit au grand écran ?
Non, j’aurais adoré faire des films ! Mais je pense qu’à l’époque il y avait une délimitation très marquée entre les acteurs de télévision et ceux du cinéma. Aujourd’hui, on passe plus facilement de l’un à l’autre.
Aujourd’hui, vous vous consacrez davantage à votre carrière musicale. Est-ce votre premier amour, ou avez-vous le sentiment d’avoir un peu fait le tour de la comédie ?
On ne fait jamais le tour de la comédie, c’est toujours un challenge. Quant à la musique, ça a toujours été pour moi un moyen de faire preuve de créativité, et de contrôler la façon dont je suis perçue dans une industrie qui aime reléguer les femmes au grenier à partir d’un certain âge. Et puis j’ai eu deux enfants et je ne pouvais plus voyager autant, donc ça m’a permis de concilier mon travail et ma vie à la maison. Maintenant que les garçons ont grandi, je recommence à auditionner pour des rôles à la télé américaine, c’est très excitant ! Je suis aussi en train de terminer l’enregistrement d’un album en Australie, et j’espère pouvoir venir jouer en Europe et bien sûr à Paris, l’une de mes villes favorites.
Êtes-vous cinéphile ou fan de séries télévisées que vous pourriez conseiller à nos lecteurs ?
Oh oui, j’adore les films et la télé. Il y a tellement de bonnes séries maintenant ! Je suis une grande fan de Mad Men, Boardwalk Empire et Homeland. Et j’aime tous les films, les blockbusters hollywoodiens comme les petits films indépendants. Le bonheur pour moi, c’est un gros sachet de pop-corn et une salle obscure !
Vous véhiculez avec humour une image de femme fatale, votre rôle dans V vous a-t-il aidé à construire ce personnage, ou êtes-vous naturellement drôle et dangereuse ?
Eh bien je suis définitivement drôle et probablement pas aussi dangereuse que j’aime à le croire. Mais j’ai une excellente imagination et la dangerosité est une chose extrêmement amusante à jouer.
Vous avez des projets pour l’avenir ?
Oui, je suis en train d’enregistrer les voix et de faire le mixage d’un EP que je présenterai ensuite à différents labels. Avec un peu de chance, je serai en tournée et je sortirai mon nouvel album l’année prochaine, dans le genre dark electro pop. J’en suis très fière et j’ai passé toute l’année à écrire et travailler dessus. Et puis comme je continue à auditionner pour des rôles à la télé américaine… vous ne pouvez jamais savoir où je vais surgir !