Samedi, un minimum de trente individus a subi des blessures, dont quelques-uns se trouvant dans un état critique, lors d’un rassemblement visant à protester contre un plan de création d’une réserve d’eau artificielle. Les activistes écologiques, revigorés, n’ont pas l’intention de quitter l’endroit.
Dimanche 26 mars, plus de 3000 policiers et gendarmes ont été déployés à Saint-Soline (Deux-Sèvres) suite aux affrontements violents ayant éclaté lors de la manifestation contre la construction d’une réserve d’eau artificielle. D’après le parquet de Niort, sept manifestants ont été blessés, dont trois en urgence absolue, tandis que 28 gendarmes ont été blessés, dont deux en urgence absolue. Les organisateurs, pour leur part, font état d’un bilan plus lourd de 200 blessés.
Malgré cette violence, les manifestants que nous avons rencontrés samedi soir dans le village de Melle, à un quart d’heure en voiture de Sainte-Soline, où un festival de l’eau est organisé ce week-end, restent déterminés. Edith, une opposante au projet de réserve d’eau artificielle, estime que le partage de cette ressource est un enjeu qui dépasse tout : « On arrive dans une période où la sécheresse, on voit bien que ça a un impact sur notre vie quotidienne et toute l’année pas que l’été ». Elle ajoute que la répression semble absurde par rapport à ce qu’ils défendent et qu’ils vont continuer à se mobiliser.
Un autre opposant aux « méga-bassines » dénonce également l’intervention des forces de l’ordre : « C’est uniquement pour nous dissuader de continuer la lutte. C’est uniquement parce qu’ils sentent qu’ils perdent pied et c’est pour ça qu’on va continuer dans les mois et les semaines qui viennent à lutter contre les bassines. »
Les manifestants peuvent compter sur le soutien de Sylvain Griffault, le maire de Melle, qui leur a prêté le camping et un terrain municipal. Il espère que les affrontements n’ont pas totalement occulté le débat de fond sur la gestion des ressources en eau : « Je crois qu’il s’est passé des choses choquantes, mais ce mode de revendication-là, malheureusement, on peut dire qu’il fait parler du sujet. Quand on se pose uniquement autour d’une table, on n’en parle pas forcément autant. »
Sylvain Griffault attend désormais les tables rondes sur l’eau prévues ce dimanche dans sa commune : « Il y a besoin qu’on puisse montrer que ce sujet-là peut être aussi traité en toute sérénité. Et la commune de Melle était en capacité d’accueillir et avait aussi la volonté d’accueillir cet événement. On a une commune qui a pris une motion contre les réserves de substitution, il y a maintenant un peu plus d’un an et demi. Il y a d’autres solutions que de sortir l’eau d’où elle est pour la mettre en plein air. »
Le collectif d’associations « Bassines non merci » affirme avoir rassemblé jusqu’à 30 000 personnes samedi après-midi. La gendarmerie dénombre quant à elle 8 000 manifestants. Certains d’entre eux ont endommagé l’une des vannes de la future réserve d’eau en perçant l’acier avec une meuleuse. Aucune interpellation n’a pu être réalisée durant la manifestation, selon le parquet. Onze personnes ont été interpellées en amont lors de contrôles ayant permis la saisie de nombreuses armes.