Les dirigeants « éludent la question » en ne mentionnant que les « promesses volontaires » au lieu de mesures législatives lorsqu’ils demandent aux entreprises de réduire leurs concentrations en nitrites, dénonce l’organisation non gouvernementale.
« Nous avons besoin d’une loi » pour réduire l’utilisation de nitrites dans la charcuterie, a déclaré mardi 28 mars sur 42mag.fr Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France. « La santé publique doit être protégée par l’État », a-t-elle ajouté, critiquant les mesures, ou plutôt « les non-mesures », annoncées lundi par le gouvernement pour diminuer la présence de nitrites dans la charcuterie. Le ministère de l’Agriculture a demandé aux entreprises du secteur de réduire de 20% en moyenne la quantité de nitrites qu’elles utilisent. Cependant, Foodwatch et la Ligue contre le cancer réclament l’interdiction de ces additifs nitrés, dont le lien avec le développement de cancers, notamment colorectaux, a été confirmé en juillet 2022 par l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Karine Jacquemart soulève « deux problèmes » avec ces annonces. D’une part, elle regrette que le gouvernement se concentre « uniquement » sur des réductions et n’évoque l’idée d’une suppression que pour parler « d’une vague trajectoire à cinq ans sans aucun engagement concret ». En effet, le gouvernement propose de lancer un plan de recherches et d’innovation d’ici cinq ans. « Ça ne va mener nulle part », estime la directrice générale de Foodwatch France. D’autre part, elle critique le fait que le gouvernement s’appuie sur des « engagements volontaires » des industriels en incluant ces réductions dans un code des usages « qui n’est pas règlementaire ». Selon elle, l’exécutif « élude la question » et juge « inacceptable » le fait qu’il « refuse de prendre ses responsabilités et de réglementer ».
« Je n’arrive pas à me calmer »
« Il faut des règles, il faut des lois, pour protéger la santé, il faut que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde », insiste Karine Jacquemart. « Laisser faire des entreprises, ça suffit ! », s’exclame-t-elle. « Sinon, on prend le risque de continuer à exposer la population à des risques pour la santé, on prend le risque de nouveaux scandales alimentaires », prévient-elle. « Je n’arrive pas à me calmer », confie Karine Jacquemart. « Les études scientifiques se suivent et confirment à chaque fois des risques pour la santé », ajoute-t-elle.
« L’avis de l’Anses, a confirmé qu’il y avait un lien entre les nitrites ajoutés dans la charcuterie et les risques de cancer. Il y a eu une mission parlementaire, une proposition de loi, que faut-il de plus ? », demande Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France à 42mag.fr.
« On a un cas typique de risque pour la santé et on a des solutions puisque l’industrie agroalimentaire utilise déjà des alternatives et qu’il y a déjà du ‘sans nitrite’ dans les rayons », résume Karine Jacquemart. La directrice générale de Foodwatch France reconnaît que le sujet est « complexe » tout en rappelant que son association « n’a jamais demandé que ce soit fait du jour au lendemain ». Selon elle, il faut « s’assurer qu’en enlevant les additifs nitrés on ne crée pas d’autres risques pour la santé » et, pour ce faire, « donner du temps aux filières et notamment aux artisans pour qu’ils puissent s’adapter » tout en les « accompagnant dans ce changement ».