Les nouveaux exploitants agricoles font l’objet du « Focus économique » cette semaine. Une grande quantité de ceux-ci serait nécessaire pour succéder aux précédents exploitants. Depuis de nombreuses années, tout le monde signale ce problème.
L’agriculture française a besoin de nouveaux agriculteurs pour remplacer les anciens, et cette nécessité a été signalée pour la première fois il y a quelques années.
Le nombre d’agriculteurs en France a considérablement diminué, passant de 2,5 millions en 1955 à 760 000 en 2000, pour atteindre moins de 500 000 aujourd’hui. Bien qu’il y ait moins d’agriculteurs, les exploitations agricoles sont de plus en plus grandes, passant de 42 hectares en moyenne en 2000 à 69 hectares aujourd’hui. La surface agricole utile est restée stable, représentant un peu moins de la moitié de la France en superficie.
Concernant la démographie des agriculteurs, ils vieillissent de plus en plus : près de la moitié, soit 200 000 d’entre eux, devraient prendre leur retraite dans les 10 prochaines années. Chaque année, 20 000 exploitants agricoles partent à la retraite, tandis que seulement 14 000 nouveaux arrivants s’installent.
Pendant longtemps, la diminution du nombre d’agriculteurs a été perçue comme un moyen d’accompagner la modernisation du secteur agricole, avec des exploitations de plus en plus grandes et performantes. Cependant, la pandémie de Covid-19 a révélé les faiblesses de notre modèle agricole et l’importance de la souveraineté alimentaire, soulignant qu’il y a désormais un manque d’agriculteurs.
Pour remédier à cette situation, le Sénat a chargé la Cour des comptes de produire un rapport sur la politique d’installation des nouveaux agriculteurs, publié récemment. Le rapport constate que le système actuel ne fonctionne pas correctement. Les aides à l’installation sont destinées aux jeunes agriculteurs, de moins de 40 ans. Cependant, la moitié de ceux qui pourraient les demander ne le font pas et un tiers des installations est le fait de personnes de plus de 40 ans. Ces « néo-agriculteurs » en reconversion n’ont donc droit qu’à très peu d’aides.
La Cour des comptes recommande de revoir la limite d’âge, soulignant que ces candidats disposent de fonds propres et d’idées novatrices, et portent des projets intéressants. Ils ne bénéficient actuellement que de 9% des aides publiques consacrées à l’installation. Cette modification ne coûterait pas beaucoup à la collectivité : à raison de 25 000 euros par installation, elle représenterait 125 millions d’euros pour 5 000 personnes, mais les crédits actuellement alloués à l’installation sont trop élevés.