C’est depuis maintenant sept années que Gladys Kamasanyu préside aux destinées du tribunal de Kampala. Il s’agit là d’un tribunal très particulier, étant donné qu’il s’agit du premier du genre en Afrique, vu qu’il a été créé en 2017. Pour entamer cette nouvelle année de mandat, la magistrate a pris le temps de faire un bilan de son action, tout en insistant sur l’importance de la prévention. Cette dernière est en effet un enjeu majeur pour le fonctionnement de toutes les institutions, qu’elles soient judiciaires ou autres. Il s’agit ainsi de veiller à ce que les événements ne se produisent pas, plutôt que d’avoir à les traiter une fois qu’ils sont survenus. Un travail de longue haleine, mais qui peut porter ses fruits à terme. Voilà pourquoi le message de Gladys Kamasanyu est d’autant plus important aujourd’hui.
Gladys Kamasanyu est une défenseure des animaux et présidente de la cour de justice de la vie sauvage à Kampala, en Ouganda. Elle est responsable de juger les crimes commis contre les animaux, faisant d’elle la tête du premier tribunal de ce genre créé en Afrique en 2017. Après six années de services, elle a instruit plus de 1 000 affaires de braconnage et condamné plus de 600 trafiquants, dont un homme en prison à vie pour avoir fait commerce de défenses d’éléphant.
Parmi les animaux pour lesquels elle a rendu justice, il y a des éléphants, des pangolins, des rhinocéros, des girafes et des hippopotames. Elle dénonce les nombreuses personnes qui ignorent la cruauté infligée à ces animaux. Beaucoup de personnes pensent que les animaux appartiennent au premier qui les prend, qu’on peut aller librement en forêt les chasser tous les jours, et que les animaux se reproduisent à l’infini et sont indestructibles. Selon Gladys, il est important de protéger les animaux et de briser ces certitudes.
Gladys Kamasanyu ne fait pas que condamner trafiquants et braconniers, elle multiplie les prises de parole pour expliquer que les animaux ne se multiplient pas à l’infini, et qu’en conséquence, il faut les protéger. Elle croit toujours au principe constitutionnel ougandais qui veut que « la justice soit rendue pour tous”, y compris pour les animaux. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas. Née dans une famille d’agriculteurs, Gladys a fait des études de droit pour défendre des vies humaines. C’est l’expérience de multiples cas de braconnage et la vision d’animaux mutilés et massacrés qui l’ont convaincue.
Gladys a été bouleversée par les chiffres du trafic animalier et le marché illégal de 10 à 20 milliards de dollars par an au début des années 2010, et surtout par les centaines de milliers d’animaux abattus. Elle a noté une évolution positive en Ouganda, où le nombre d’éléphants tués pour leurs défenses a baissé de 90% en cinq ans. Cependant, selon elle, il reste encore beaucoup à faire, car trop de trafiquants sont relâchés sur caution et trop de chasseurs étrangers parviennent à fuir avant d’être jugés.
Gladys affirme l’importance de donner de la voix et de parler pour ceux qui ne peuvent pas parler. Elle ne préfère pas les animaux aux humains, mais croit que la justice doit être rendue pour tous, y compris pour les animaux. Elle a donc pris la décision de protéger les animaux grâce à son expérience et son statut actuel.