Les habitants de la Polynésie sont conviés à voter ce dimanche afin de remplacer les membres de leur Assemblée. Il est possible que les partisans de l’indépendance fassent des gains importants dans les différents archipels.
La politique future de la Polynésie française, composée de cinq archipels et 118 îles, pourrait connaître un tournant en ce printemps 2023, avec les élections territoriales qui se tiennent les 16 et 30 avril. Les électeurs sont appelés aux urnes pour élire pour cinq ans les nouveaux membres de l’Assemblée de Polynésie française, une instance législative locale qui devra désigner le prochain président de cette collectivité d’outre-mer. 42mag.fr explique pourquoi ces élections sont cruciales pour l’avenir de la Polynésie française, située à 16 000 km de l’Hexagone.
Pourquoi votent les Polynésiens ?
Les électeurs de Polynésie française élisent les nouveaux membres de l’Assemblée de Polynésie française, une chambre composée de 57 élus, qui éliront ensuite le président de l’Assemblée et le président de la Polynésie en avril. Ces institutions locales exercent un pouvoir important et élaborent des « lois du pays » qui relèvent du domaine de la loi. Le président de la Polynésie a un rôle prépondérant et décide de tout en Polynésie pendant cinq ans.
Quels partis politiques sont en lice pour ce scrutin ?
Il y a deux principales forces politiques en Polynésie française : les autonomistes du Tapura et les indépendantistes du Tavini. Les archipels sont dirigés par les autonomistes depuis 2014, mais leur parti s’est divisé ces dernières années, ce qui pourrait affaiblir le Tapura. Les indépendantistes du Tavini, menés par l’ancien président Oscar Temaru, espèrent profiter des divisions de leurs adversaires pour faire élire le député Moetai Brotherson au poste de président de la Polynésie française.
En quoi cette élection est-elle importante pour l’avenir de ces archipels ?
Cette année, l’élection est incertaine et suscite un regain d’intérêt pour la vie politique en Polynésie française. Les autonomistes sortent impopulaires de la crise sanitaire et sont divisés en interne, tandis que les indépendantistes veulent retrouver le pouvoir qu’ils ont perdu en 2013. Ils espèrent refaire leur performance des élections législatives de juin 2022 en se concentrant sur les problématiques socio-économiques. Cependant, il est peu probable que le statut de la collectivité évolue à court terme, car les responsables politiques locaux entretiennent des relations de confiance avec la France.
Comment se déroule le vote ?
Les archipels sont divisés en huit sections, dont trois situées sur la seule île de Tahiti. Au premier tour, dans chaque section, si une des sept listes en lice l’emporte, elle bénéficie d’une prime majoritaire. Pour se qualifier au second tour, il faut rassembler au moins 12,5% des voix. Les négociations entre les différents partis pour désigner le président et son exécutif ont souvent lieu après le deuxième tour, ce qui est considéré comme un véritable troisième tour.
Quels sont les principaux thèmes abordés dans cette campagne ?
Dans cette campagne électorale, il a été beaucoup question des services publics et de leur rapprochement avec la population. L’emploi et la pauvreté sont des problématiques importantes, ainsi que la fracture numérique entre les dizaines d’îles composant la Polynésie française. Le rapport au nucléaire et les indemnisations des conséquences des essais nucléaires menés par Paris entre 1966 et 1996 font également consensus entre les listes indépendantistes et autonomistes. Enfin, le rapport au pouvoir central de l’Hexagone est passé au second plan dans cette campagne électorale, privilégiant un antagonisme classique rencontré dans de nombreuses démocraties.