L’organisation de défense des droits de l’homme est critiquée par les autorités gouvernementales et les partis politiques de droite en raison de ses « opinions », suite à son opposition à une décision préfectorale en préparation des manifestations à Sainte-Soline, devant les tribunaux.
Ces dernières semaines, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) est dans le collimateur du gouvernement. Le 12 avril, la Première ministre Elisabeth Borne a déclaré au Sénat qu’elle ne comprenait plus certaines positions de la LDH. Le député Les Républicains Aurélien Pradié lui a fait les mêmes reproches sur 42mag.fr le 11 avril : « Ils ont mené des combats qui pour moi ne sont pas à la hauteur de leurs valeurs. Je pense notamment au combat pour la défense de la burqa (…) Par ailleurs je ne comprends pas que la LDH puisse attaquer un arrêté préfectoral qui interdit le transport ou le port d’armes ». Le député fait un raccourci dans ces deux exemples.
## La LDH remet en question la notion « d’armes par destination »
La LDH a effectivement déposé un référé-liberté (procédure d’urgence) pour contester un arrêté de la préfète des Deux-Sèvres pris en prévision des manifestations contre les bassines de Sainte-Soline. Le texte interdisait les armes mais également les armes par destination, c’est-à-dire n’importe quel objet pouvant être utilisé pour blesser. La LDH n’a pas contesté l’interdiction de port d’armes, mais précisément cette notion d’arme par destination. Elle la considère trop vague, pouvant en réalité désigner n’importe quel objet qui pourrait blesser s’il était lancé.
Ce n’est pas la première fois que l’organisation conteste « par principe » de tels arrêtés, se basant sur une décision du Conseil constitutionnel de 1995. Les juges avaient alors rejeté une mesure qui visait à rendre possible l’interdiction du transport de « tous les objets pouvant être utilisés comme projectile » dans un contexte de maintien de l’ordre, car cela aurait été « de nature, par sa formulation générale et imprécise, à entraîner des atteintes excessives à la liberté individuelle ».
Concernant l’arrêté de Sainte-Soline, le juge des référés n’a pas donné suite au recours de la LDH, mais l’association compte saisir le tribunal administratif sur le fond.
## La LDH ne défend pas le voile intégral, mais s’est opposée à la loi l’interdisant
Lorsqu’Aurélien Pradié évoque la « défense de la burqa », il fait référence à 2010 et au débat sur la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public en France. Le texte visait notamment le niqab, un voile ne laissant qu’une fente pour les yeux. La burqa, dont Aurélien Pradié parle, est le voile intégral, généralement bleu, imposé aux femmes afghanes, et qui couvre aussi les yeux.
En 2010, le comité central de la LDH a publié sa position officielle sur le voile intégral. Pour lui, ce type de voile est « une négation rédhibitoire de la personne » et « signale l’infériorisation des femmes » lorsque celui-ci est imposé. Cependant, la LDH s’est opposée à la loi l’interdisant, car elle estime que « la liberté ne s’impose jamais par la force » mais par « l’éducation ». « Réglementer les costumes et les coutumes est une pratique dictatoriale », écrivait la LDH, dénonçant une loi « liberticide ». La Ligue des Droits de l’Homme n’était pas la seule à s’être prononcée contre cette loi : Amnesty International et Human Rights Watch avaient également exprimé leur opposition à l’époque.