« Affirmer que poser pour ‘Playboy’ contribuera à promouvoir l’émancipation des femmes, j’ai de sérieux doutes à ce sujet », déclare Isabelle Rome dans « Le Figaro ».
Tensions au sein du gouvernement. Isabelle Rome, ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a critiqué, mercredi 5 avril, la décision de sa collègue Marlène Schiappa de figurer dans le magazine Playboy. « Je me pose la question : pourquoi avoir choisi Playboy pour promouvoir les droits des femmes, alors que ce magazine représente tous les stéréotypes sexistes ? Nous sommes en plein dans la culture de la femme-objet », déclare-t-elle au Figaro (article réservé aux abonnés).
Ancienne secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes (2017-20), Marlène Schiappa, aujourd’hui secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, a accordé une interview sur les droits des femmes dans l’édition de Playboy à paraître jeudi. De plus, elle apparaît en couverture du magazine, vêtue d’une longue robe blanche. « Marlène Schiappa est libre de faire ce qu’elle veut de son corps, ce n’est pas le problème. Mais prétendre que poser dans Playboy fera progresser la liberté des femmes, j’en doute fortement. Sa propre liberté, peut-être. Celle des autres, non », rétorque Isabelle Rome.
« Il n’y a rien à gagner avec ce magazine »
« Selon moi, défendre les droits des femmes dans Playboy reviendrait à lutter contre l’antisémitisme en accordant une interview à Rivarol », un hebdomadaire d’extrême droite. « Je rappelle que son fondateur, Hugh Hefner, a été poursuivi pour agression sexuelle. À un moment donné, il faut choisir sur quel support on s’exprime. Je rejoins donc la Première ministre, Élisabeth Borne : apparaître dans Playboy n’est pas approprié », estime-t-elle.
« Il n’y a rien à gagner avec ce magazine et il faut que les femmes en soient conscientes : Playboy ne sera jamais notre allié. Et je déplore que, finalement, cette opération profite à Playboy. Cela lui offre une publicité énorme », tranche l’ancienne magistrate. « En tant que ministre, on doit avoir le sens des responsabilités », conclut Isabelle Rome.