Le parti politique d’extrême droite cherche à accroître son pouvoir au sein de l’Assemblée nationale et envisage de soumettre des législations pour lutter contre le « wokisme », dans le but d’unir des personnes allant au-delà des membres du RN.
Le Rassemblement national a identifié un nouvel opposant : le wokisme. Ce terme est employé par l’extrême droite et la droite pour décrire le mouvement de lutte contre les discriminations. Bien que ce phénomène ait été principalement la cible d’Éric Zemmour et de son mouvement Reconquête, les députés RN ont officiellement mis en place le mercredi 12 avril une « Association des parlementaires contre le wokisme » afin de dénoncer et surtout agir contre « l’idéologie woke qui s’infiltre » partout dans notre société comme un « poison », d’après le député Roger Chudeau et l’eurodéputé Philippe Olivier qui en sont à l’origine.
Ces élus souhaitent tirer parti de leur présence dans les institutions pour légiférer contre un certain nombre de phénomènes qu’ils jugent aberrants, tels que les réunions réservées aux femmes ou la participation de personnes transgenres à des compétitions sportives. Mais en premier lieu, ils veulent s’attaquer au sujet peut-être moins controversé de « l’écriture inclusive » que Roger Chudeau, ancien inspecteur de l’Education nationale, voudrait interdire dans les universités et actes officiels. Une interdiction a déjà été proposée par des députés Les Républicains et par des sénateurs de droite. Le RN pense donc pouvoir rassembler largement là-dessus.
Pour le moment, l’association est presque exclusivement composée de membres du Rassemblement national, avec en plus les députés Nicolas Dupont-Aignant et Véronique Besse, tous deux très à droite, ainsi que les deux sénateurs encartés au parti zemmouriste Reconquête Sébastien Meurant et Stéphane Ravier. On est encore loin de l’esprit transpartisan souhaité par les initiateurs, qui espèrent convaincre quelques Républicains. Jusqu’à présent, le RN a eu beaucoup de mal à faire sauter les digues à l’Assemblée nationale. Il n’a réussi à faire passer aucune proposition de loi mais seulement quelques amendements depuis le début de la législature.
### Investir de nouveaux sujets
S’opposer au wokisme est relativement récent au RN. Marine Le Pen s’était plutôt concentrée sur le pouvoir d’achat en 2022. « On peut traiter la fin du mois et la fin du monde », rétorque le député Roger Chudeau. Ce créneau était auparavant plutôt occupé par Éric Zemmour, l’idée du RN serait-elle de récupérer son électorat ? « Il n’y a pas de visée électoraliste », répond Roger Chudeau. « Les prochaines élections sont dans quatre ans. Nous ne nous cherchons pas du tout à nous situer par rapport lui mais nous sommes une force politique contrairement à Éric Zemmour. Lui, c’est une force d’influence, nous sommes une force politique structurée avec 88 députés. » Mais des élections vont bien avoir lieu dans un an, il s’agit des européennes, et Reconquête est en train de se structurer pour y participer.
Le RN va donc devoir se renforcer pour ces prochaines échéances, très certainement derrière Jordan Bardella en tête de liste, le tout nouveau président du parti réputé plus conservateur que Marine Le Pen sur les sujets de société. Est-ce la « marque » Bardella de défendre des sujets comme l’antiwokisme ? « Cela fait partie des sujets que je souhaite que l’on investisse parce que je pense que le combat politique ce n’est pas uniquement la bataille électorale, c’est aussi la bataille culturelle », répond Jordan Bardella.
> « Il y a beaucoup de sujets sur lesquels le Rassemblement national doit s’ouvrir et sur lesquels peut-être on nous entend moins comme sur la santé ou sur l’écologie qui sont des thèmes que l’on souhaite prendre en main et investir. »
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> Jordan Bardella, président du RN, à 42mag.fr
Autant de sujets sur lesquels des colloques vont être organisés avec toujours le même objectif affiché : prendre le pouvoir.