La réincorporation du représentant du Nord, sanctionné pour violences à l’égard de sa conjointe, suite à une suspension de quatre mois, renforce les divergences entre la France insoumise et ses partenaires de gauche. Les socialistes et les écologistes réclament son exclusion.
Lorsque les Insoumis adoptent une attitude discrète, leurs partenaires s’expriment. Mardi 11 avril, la France insoumise a annoncé que Adrien Quatennens avait été réintégré dans le groupe LFI à l’Assemblée nationale, malgré sa condamnation pour violences conjugales. Le groupe a procédé à un vote à bulletin secret, avec 15 députés votant contre et deux abstentions, soit plus d’un tiers du groupe exprimant leur malaise. Mais cela n’est rien comparé à la désapprobation des alliés de LFI. Le leader du Parti socialiste, Olivier Faure, demande que le député du Nord ne soit plus un interlocuteur de la Nupes : « Il y a une période pendant laquelle Adrien Quatennens ne peut pas représenter l’intergroupe, et même n’aurait pas dû représenter la France insoumise. Parce que ça nous met en contradiction avec ce que nous portons. On ne peut pas demander aux Françaises et aux Français d’opérer une rupture. Ça suppose qu’on mette en accord ces paroles et ces actes ».
Selon l’écologiste Sandrine Rousseau, le protégé de Jean-Luc Mélenchon a contourné la sanction de son groupe, qui l’avait exclu de ses rangs pendant quatre mois : « C’est quand même incroyable qu’on n’arrive pas à accepter la sanction d’un député qui a été condamné par la justice, donc déclaré coupable ». Elle ajoute : « Pourquoi pendant quatre mois, ça n’a pas été possible de l’empêcher de prendre la parole dans l’hémicycle et de faire en sorte qu’il ne soit pas présent dans cet hémicycle ? ».
« Eviter l’amnistie politique pour ses amis »
La sénatrice socialiste de l’Oise Laurence Rossignol partage cet avis. Invitée sur 42mag.fr, elle a déclaré que « Les formations politiques auxquelles nous appartenons, qui se prétendent être féministes et qui prétendent faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité, doivent être exemplaires ». Pour elle, être « exemplaire », c’est « éviter l’amnistie politique pour ses amis » : « On ne peut pas être contre les violences faites aux femmes, sauf quand elles concernent un de nos amis », a-t-elle dénoncé, mettant directement en cause Jean-Luc Mélenchon qu’elle accuse d’avoir « certainement pesé sur le vote ». « Depuis le début [de cette affaire], il n’a pas manqué d’apporter son soutien et son amitié à celui qui était son dauphin », a-t-elle ajouté.
Le retour d’Adrien Quatennens intervient à un moment difficile pour la coalition de gauche, fragilisée ces derniers jours par le conflit entre LFI et le communiste Fabien Roussel. Le leader du Parti communiste, largement reconduit lors du 39e congrès du parti lundi, a confirmé sa volonté de s’émanciper de la Nupes. La France insoumise tente de redonner un élan à la lutte contre la réforme des retraites à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation, et à deux jours de la décision du Conseil constitutionnel.