Lors de la première lecture à la chambre haute, la suggestion législative socialiste a été privée de son essence sous l’impulsion du rapporteur Les Républicains.
Le jeudi 6 avril, le Sénat, à majorité de droite, a voté en première lecture une proposition de loi socialiste contre le « démantèlement » d’EDF. Toutefois, il a écarté l’idée d’une « nationalisation » de l’entreprise d’énergie, un élément central du texte. La proposition de l’élu Philippe Brun a été vidée de son contenu à l’initiative du rapporteur Les Républicains Gérard Longuet et examinée dans le cadre d’une niche parlementaire réservée au groupe PS.
La proposition a été approuvée par 206 voix « pour » et 123 « contre ». La gauche ayant finalement voté contre, le groupe socialiste a critiqué « l’attitude de la droite sénatoriale qui a totalement dénaturé cette proposition de loi ». Le groupe RDPI, majoritairement Renaissance, a également voté contre « un texte squelettique, et encore, quand les archéologues trouvent un squelette incomplet », d’après les mots du sénateur Julien Bargeton.
### Le projet Hercule est « mort et enterré »
Le 4 mai, lors de la niche du groupe Gauche démocrate et républicaine, les communistes de l’Assemblée nationale prévoient de reprendre le texte en deuxième lecture. Le ministre de l’Industrie a déclaré que « cette proposition de loi vise à répondre à des angoisses qui n’ont aucun lieu d’être ». Selon lui, le projet controversé de restructuration d’EDF, nommé Hercule, « est mort et enterré ». Roland Lescure a également affirmé qu' »il n’y a aucun projet ni visible, ni caché de démantèlement de notre opérateur national ».
Les sénateurs ont supprimé la procédure de nationalisation prévue à l’article 1er, considérée inutile au vu de l’offre publique d’achat lancée par l’État. Ils l’ont remplacée par l’objectif d’une détention par l’État de 100% du capital d’EDF. Pour le socialiste Franck Montaugé, cette « approche très libérale (…) laisse ouverte toutes les opérations de cession ultérieures de filiales ». Victorin Lurel a plaidé en vain pour que « nationaliser EDF, c’est réarmer la France ».