La fin de la visite officielle de trois jours du président français à Pékin et Canton est prévue pour vendredi. D’après Marc Julienne, qui est en charge des affaires chinoises au sein du Centre Asie de l’IFRI, les événements de cette visite ne se sont pas déroulés comme le leader français l’avait anticipé.
Lors de sa visite d’État en Chine, Emmanuel Macron voulait renouer le dialogue en face-à-face après trois ans d’éloignement en raison de la crise sanitaire. Le président français a été accompagné d’une importante délégation lors de ses rencontres avec le président chinois Xi Jinping. Les deux dirigeants ont discuté de plusieurs questions, notamment de la guerre en Ukraine. Marc Julienne, responsable des activités Chine au centre Asie de l’Institut français des relations internationales (IFRI), analyse les résultats de cette visite.
Selon Marc Julienne, il était peu probable qu’Emmanuel Macron obtienne un soutien de la Chine pour résoudre la guerre en Ukraine. Xi Jinping n’a pas intérêt à trouver une solution politique au conflit et ne souhaite pas soutenir militairement Vladimir Poutine. Malgré cela, le président français a exhorté son homologue chinois à ne pas fournir d’armes à la Russie.
Concernant les relations entre l’Europe et la Chine, la présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de la visite d’État a été considérée comme une bonne initiative, malgré un discours lucide et ferme à l’égard de la Chine prononcé par cette dernière le 30 mars. Toutefois, la position d’Emmanuel Macron est apparue comme timorée face à celle d’Ursula von der Leyen.
La France se positionne en tant que leader en Europe, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et moteur de l’Indo-Pacifique. Cependant, elle n’a pas abordé le sujet principal de sécurité dans cette région, à savoir la stabilité dans le détroit de Taïwan, qui pourrait directement affecter la France en cas de blocage de cette voie commerciale internationale.
Quant à la « troisième voie » entre les États-Unis et la Chine que souhaite incarner Emmanuel Macron, elle manque de clarté et peut être perçue comme une position équidistante entre les deux. Le président français devrait être aussi franc et sévère avec la Chine qu’il l’est avec les États-Unis, et ne pas éluder les sujets de dissension.
Sur le plan économique, la visite a permis la signature de contrats pour les entreprises françaises, mais Emmanuel Macron a évité d’aborder le problème du déficit commercial avec la Chine et les inégalités d’accès au marché chinois en raison du protectionnisme. Selon Marc Julienne, une stratégie visant à promouvoir les liens économiques sans aborder ces questions est une erreur.