Le 8 juin, lors d’une session à l’Assemblée nationale, une proposition législative visera à annuler la réforme des régimes de retraite. Face à cette proposition, les partisans d’Emmanuel Macron sont incertains quant à la meilleure approche à adopter. Le point politique de Jean-Rémi Baudot.
La dernière chance pour les opposants à la réforme des retraites réside dans une proposition de loi portée par le plus petit groupe politique de l’Assemblée, le groupe LIOT, qui signifie « Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires ». Bien qu’étant un groupe plutôt centriste, il se trouve inévitablement au centre de toutes les attentions car il est devenu le seul à pouvoir rassembler tous les autres derrière lui.
Il y a une possibilité mathématique que ce texte passe : une majorité simple est suffisante. Il faut donc seulement 252 voix pour dépasser celles de la majorité. Un chiffre facilement atteignable si LIOT est rejoint par la Nupes et le RN. Une députée LIOT confirme à 42mag.fr : « On se coordonne avec les autres groupes ».
Plusieurs stratégies discutées au sein de la majorité
Face à ce nouveau défi, plusieurs options sont envisagées. Dans la majorité, certains imaginent utiliser des tactiques : puisque les débats ce jour-là se termineront à minuit, il y a une tentation en Macronie de jouer l’obstruction pour empêcher le vote. Cette stratégie est peu glorieuse après avoir dénoncé l’obstruction de la Nupes et n’est pas largement soutenue.
De la part de la direction du groupe Renaissance à l’Assemblée, on affirme plutôt vouloir aller jusqu’au vote. Même sentiment au groupe MoDem, où l’on souhaite profiter de cette nouvelle journée de débats pour rappeler les raisons de cette réforme des retraites.
En fait, ce sont les Républicains qui risquent de subir la pression. Rappelons que, théoriquement, la droite soutient l’idée de repousser l’âge légal, mais certains députés LR ont déjà annoncé qu’ils soutiendraient cette tentative d’abrogation de la réforme des retraites. Aurélien Pradié, député LR, est l’un d’entre eux.
Un vote positif peut-il entraîner un retrait ?
Si l’abrogation de la réforme des retraites est adoptée en première lecture, le texte ira au Sénat où la droite ne devrait pas changer de ligne. L’initiative de LIOT sera probablement bloquée, mais cela enverrait un signal politique désastreux pour la Macronie.
« Si on est battu, ce ne serait pas un bon signe », admet un pilier de la majorité. Pire, cela pourrait encourager encore plus les oppositions et la contestation dans la rue. Quant à savoir si un vote pourrait entraîner un retrait, un important député de Renaissance répond sèchement « Non », avant de conclure : « La loi a été adoptée et même promulguée ». Mais étant donné la tension qui persiste autour du dossier, peut-on vraiment dire que le débat est clos ?