Depuis presque cinquante ans, les films indiens n’étaient plus diffusés dans le pays. Cependant, la projection de ce long-métrage indien a connu un franc succès au Bangladesh, le vendredi 12 mai.
Le 12 mai, les cinémas de Dacca ont été pris d’assaut par des milliers de spectateurs impatients de voir Pathaan, un blockbuster indien avec la superstar Shah Rukh Khan. Il s’agit du premier film de Bollywood diffusé à grande échelle au Bangladesh depuis plus de 50 ans. En effet, Dacca avait interdit la diffusion de films indiens peu après son indépendance en 1971, en réponse aux pressions des cinéastes locaux, malgré le soutien de l’Inde au Bangladesh lors de sa guerre d’indépendance contre le Pakistan.
Sazzad Hossain, un étudiant de 18 ans, s’est réjoui de cette occasion : « Je suis surexcité, c’est la première fois qu’un film hindi sort au Bangladesh ! Je vais voir Shah Rukh Khan sur grand écran pour la première fois ! »
Réalisé par Siddharth Anand, le film d’espionnage a battu tous les records au box-office lors de sa sortie en Inde en janvier. C’est le premier film avec Shah Rukh Khan depuis quatre ans, et les fans étaient impatients de le voir au Bangladesh. L’acteur de 57 ans, surnommé « King Khan » et « Badshah » en Inde, partage l’affiche avec l’actrice Deepika Padukone et l’acteur d’action John Abraham.
Les cinémas bangladais rencontrent actuellement des difficultés, car la production locale ne peut rivaliser ni avec le faste de Bollywood ni avec un Shakib Khan vieillissant, la seule star rentable de l’industrie nationale. Plus de 1 000 salles ont fermé leurs portes au cours des 20 dernières années. Les cinémas ont longtemps été au cœur de la vie sociale bangladaise, mais aujourd’hui, le Modhumita Cinema Hall, l’une des plus prestigieuses salles de Dacca, connait un taux de remplissage très faible.
En 2015, les autorités ont tenté de lever l’interdiction des films indiens suite au succès de deux productions bollywoodiennes projetées dans quelques salles, mais elles ont été dissuadées de poursuivre par la colère des stars locales. Finalement, le mois dernier, le gouvernement a publié un décret autorisant l’importation de dix films par an en provenance de l’Inde ou de l’Asie du Sud.
Pathaan est sorti dans 41 salles du pays, et de nombreuses séances dans la capitale affichent déjà complet, selon le distributeur Anonno Mamun. Ce dernier pense que la projection de films de Bollywood « changerait la donne », car « tout le monde aime les films hindis ici. Beaucoup aiment aussi les films du sud de l’Inde ».
Toutefois, certains s’inquiètent pour l’industrie cinématographique bangladaise. Le réalisateur Khijir Hayat Khan soutient que l’ouverture du marché aux productions étrangères pourrait détruire l’industrie locale, comme cela s’est produit au Mexique avec les films hollywoodiens.