Au cours des dernières années, le tribunal correctionnel a pu se pencher sur plusieurs affaires qui ont été présentées devant lui. Toutefois, dans le cas présent qui implique l’ultradroite, il s’agit d’une première pour ce genre de dossier. En effet, aucun précédent n’a été recensé jusqu’à ce jour. Les jurisprudences passées ne permettront donc pas de se référer à des décisions antérieures pour trancher sur cette affaire. Le tribunal devra donc se fonder uniquement sur les éléments présentés devant lui pour rendre son verdict.
Quatre individus affiliés à la mouvance néonazie seront jugés en juin prochain par la cour d’assises spéciale des mineurs pour avoir planifié des actes terroristes criminels entre 2017 et 2018. Surnommé Waffenkraft, qui signifie « pouvoir des armes » en allemand, le projet visait à perpétrer des attaques contre des cibles telles que des mosquées et des communautés juives. Les accusés ont également envisagé de s’en prendre à des personnalités politiques, dont Jean-Luc Mélenchon. Le chef du groupe, qui avait alors 22 ans et qui était gendarme volontaire en Isère, possédait des kalachnikovs, des munitions et des explosifs artisanaux. Les membres du groupe s’entraînaient en forêt et filmaient leurs performances. Les enquêteurs ont découvert sur l’ordinateur du meneur de projet des vidéos ainsi qu’un manifeste détaillant comment mener une fusillade ou une attaque au camion-bélier.
Pour la première fois dans une affaire d’ultradroite, le procès se tiendra devant une cour d’assises spéciale des mineurs, car l’un des accusés avait 17 ans au moment des faits. Le tribunal correctionnel avait jusque-là jugé les précédentes affaires de ce genre. Le cinquième protagoniste, qui avait 14 ans à l’époque, a déjà été jugé en matière criminelle par le tribunal pour enfants de Paris et a été condamné.
La France a été témoin de la contestation grandissante de l’extrême droite ces dernières années, qui se traduit par de nombreuses attaques terroristes avortées. Depuis 2017, neuf attaques attribuées à l’ultradroite ont été déjouées, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Plusieurs dossiers d’ampleur ont été jugés ces dernières années, dont celui du groupuscule OAS ou les affaires dites des Barjols, mais par le tribunal correctionnel de Paris. Les personnes fonctionnaires comme le leader de Waffenkraft suscitent des inquiétudes et selon les avocats de Jean-Luc Mélenchon et de la Licra, ils devraient être informés de leur éventuelle implication dans ces affaires et autorisés à se constituer partie civile au procès.