Selon le représentant de la France Insoumise, le gouvernement prétend qu’il n’y a que 2,2 millions de personnes sans emploi, ce que conteste-t-il. Il se réfère à un rapport réalisé par le Haut-Commissaire en charge de l’emploi, une méthode d’évaluation qui fait l’objet de reproches de la part d’experts en la matière.
La question du nombre de chômeurs en France est souvent au centre des débats politiques et sociaux. Récemment, le député de La France insoumise François Ruffin a contesté sur Twitter la communication du gouvernement qui revendique 2,2 millions de chômeurs. Selon lui, il y aurait en réalité « 5,1 millions de personnes ayant besoin d’un emploi ». Qu’en est-il vraiment ?
Les chiffres avancés par le gouvernement sont basés sur les données de l’Insee, qui enregistre en effet 2,2 millions de chômeurs au 4e trimestre 2022, ce qui correspond à 7,2% de la population active. Mais ces chiffres ne sont pas les seuls pour mesurer le chômage en France. Les statistiques de Pôle emploi, calculées différemment, font état de 3 millions de chômeurs de catégorie A et de 6,1 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues (A, B, C, D, E).
L’une des raisons de ces différences est que l’Insee utilise les critères du Bureau international du travail pour définir un chômeur, ce dont convient Pôle emploi, avec 5 catégories différentes. Mais d’autres plaident pour une définition plus large, comme Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFrap, qui estime qu’il faudrait prendre en compte également le halo autour du chômage, soit environ 2 millions de personnes.
Le chiffre de 5,1 millions avancé par François Ruffin provient d’un rapport consacré à France travail, la future entité qui doit remplacer Pôle emploi. Cette donnée a été calculée en prenant en compte non seulement les chômeurs au sens du BIT, mais aussi ceux du halo du chômage, les déclarations spontanées de chômeurs et les inscrits à Pôle emploi sans emploi, ainsi que les bénéficiaires du RSA. Cependant, cette méthodologie fait débat et certains économistes critiquent la pertinence de ce calcul, préférant s’en tenir aux indicateurs existants.
En fin de compte, il est difficile de dire quel indicateur est le meilleur pour mesurer le besoin d’emploi en France, car chacun reflète une réalité différente. Comme le souligne Thomas Coutrot, chef du département conditions de travail et santé à la Dares (Direction du ministère du Travail), « aucun de ces chiffres n’est faux, ils reflètent des réalités différentes en fonction des questions que l’on se pose ».