Retour sur la tension entre les deux régions françaises voisines
C’est une rivalité française qui a résisté à l’épreuve du temps.
Depuis guerres région qui abrite l’un des monuments les plus populaires de France, la Bretagne et la Normandie se sont depuis longtemps à la gorge.
Même si de nos jours le conflit est peut-être plus jovial, il est toujours omniprésent.
Lundi (12 juin), Normands a battu le record du monde Guinness de la plus longue chenille humaine, car Rouen, la capitale de la Normandie, a accueilli un fête spéciale des voiliers.
Pourquoi, pourriez-vous demander, se sont-ils dérangés ? En un mot, la rivalité. Il y a un peu plus d’un an, les Bretons avaient battu le record à Saint-Brieuc, avec 1 338 participants.
Alors, qu’est-ce qui alimente cette querelle?
Mont Saint Michel
À l’épicentre de la rivalité entre la Bretagne et la Normandie se trouve le Mont Saint-Michel, l’un des monuments les plus visités de France.
Situé à la frontière entre les deux régions, tous deux s’en réclament.
Alors, que nous disent les livres d’histoire ?
Un évêque d’Avranches – en Normandie – est crédité en 709 de la construction d’une abbaye sur l’île de marée, alors appelée Mont-Tombe.
En 851, elle se rapproche du contrôle du royaume de Bretagne, lorsque ce dernier annexe la partie orientale de l’Armorique, près de l’île.
Les choses se précisent un peu en 867 lorsque, dans le cadre du traité de Compiègne, les régions du Cotentin et d’Avranchin – une large bande de territoire à l’est du Mont Saint-Michel – sont attribuées à la Bretagne.
Cela a placé l’île sous le contrôle de la Bretagne, politiquement. Mais, religieusement, elle est restée dans le diocèse d’Avranches.
Pour ajouter une autre couche de confusion, l’abbaye était dirigée par des prêtres bénédictins, qui ont refusé de prêter allégeance à la Bretagne ou à la Normandie, donnant à l’île une position indépendante unique.
La Normandie a ensuite repris le contrôle du Mont Saint-Michel, bien que l’on ne sache pas exactement quand. Guillaume Ier de Normandie voit son territoire élargi pour englober le Cotentin et Avranchin en 933, la frontière de ce dernier étant ensuite étendue pour englober le Mont Saint-Michel.
Aujourd’hui, le monument se trouve dans le département normand de la Manche. Mais cela ne l’a pas empêché d’être amalgamé à la Bretagne.
En 2015, un manuel scolaire mettre le monument en Bretagne. Un comité régional du tourisme breton a fait la même erreur sur une carte deux ans plus tard.
En 2018, le maire du Mont Saint-Michel de l’époque, Yann Galton, a hissé le drapeau breton à côté du drapeau normand, provoquant un tollé.
En 2019, le New York Times à tort mettre le Mont Saint-Michel en Bretagne.
Cidre
Le Mont Saint-Michel n’est pas le seul domaine qui assouvit la rivalité.
Bien qu’il soit contesté où le cidre a été inventé, la Bretagne et la Normandie prétendent avoir les meilleures versions.
Les cidres bretons sont étiquetés avec un Indication géographique protégée (IGP), un label européen certifiant que la boisson est élaborée à partir de pommes cultivées dans la région.
Pendant ce temps, les cidres produits en Cornouaille française – une région historique sur la côte ouest de la Bretagne – sont protégés par la Appellation d’origine protégée (AOP), qui garantit les origines géographiques du produit et protège le nom dans toute l’UE. Cidre de Cornouaille AOP fédère une trentaine de producteurs de cidre en Bretagne.
Ces dernières années, la Bretagne a dépassé la Normandie pour devenir la 1ère région productrice de cidre en Franceavec 46% de la consommation nationale émanant de cette partie du pays.
Les cidres normands sont également protégés par les labels IGP et AOP. L’étiquette IGP indique les bouteilles avec Cidre de Normandie ou Cidre normand. L’AOP a été labellisée pour les cidres du Pays d’Auge, territoire qui englobe une partie des départements du Calvados et de l’Orne.
Les cidres de Normandie sont souvent plus fruités que leurs homologues bretons, avec des variétés à base d’agrumes ou de poire. Il se boit souvent avec du fromage et un dessert.
Crêpes
La Bretagne et la Normandie se disputent depuis longtemps pour savoir quelle région a le meilleur crêpes.
Imaginez la fureur alors quand le concours annuel de Bretagne pour trouver le meilleur crêperie a été remporté par quelqu’un de Normandie!
La Bretagne est connue pour sa crêpesnotamment ceux à base de farine de sarrasin.
Mais tout le monde dans la région ne les appelle pas crêpes ; certains les appellent galettes. Certaines parties de la Bretagne disent qu’un sarrasin est un salé crêpe et un blé normal une crêpe sucrée. D’autres régions de la région appellent un sarrasin un un galette.
Crêpes sont considérées comme l’une des principales exportations culturelles de la Bretagne, avec Office de tourisme de Bretagne les qualifiant de « star de la cuisine bretonne ».
crêpes normandes avoir des différences subtiles avec son bretonnes homologue. Alors que les deux sont fabriqués à partir de sarrasin, la version normande est souvent plus épaisse et Normands les gens ajoutent souvent une à deux cuillères à soupe de Calvados, un eau-de-vie porte le nom du département.
Il est également plus courant d’inclure des pommes caramélisées sur des crêpes sucrées. Les Normands pensent que c’est mieux pour alimenter la rivalité.
Beurre
Le beurre est une autre différence clé entre les régions. Les Normands l’ont doux (doux et non salé) alors que les bretons l’ont demi-sel (salé.)
La raison de l’amour des Bretons pour beurre demi-sel se situe dans une période de l’histoire de France lorsque le roi Philippe VI de France a introduit le gabelleun impôt sur le sel, en 1343 mais exempté la Bretagne.
En Normandie, Isigny-sur-Mer (Calvados) et Gournay-en-Bray (Seine-Maritime) – surnommée la capitale du beurre – étaient les deux villes françaises exportatrices de beurre dans le monde entier, mettant la Normandie sur la carte au début du XXe siècle.
Eau-de-vie
Les deux régions se disputent également pour savoir qui a le meilleur eau-de-vie.
La Normandie a le Calvados, qui est fabriqué à partir de cidre sec. Il a été protégé par des AOC dès 1942.
Il est bien connu dans toute la France, peut-être en raison de son utilisation dans café-calva – du Calvados trempé dans du café – et trou normandune tradition culinaire dans laquelle on sirote un petit verre de Calvados entre le fromage et le dessert, censé stimuler la faim.
Lambig – à ne pas confondre avec la bière belge Lambic – est l’équivalent breton du Calvados et est issu de la distillation du cidre. Elle est labellisée AOC depuis 2015.